L’économie russe dans les années 1990 (1/2)
La décennie des années 1990 fut très difficile pour la Russie : une chute de 55% du PIB entre 1989 et 1998, 50% de la population sous le seuil de pauvreté en 1995, hausse des inégalités… La chute de l’URSS et les réformes qui l’ont suivie ont globalement eu des conséquences néfastes pour la population.
Entre 1917 et 1991, l’URSS ne constitue qu’un seul Etat, Etat qui possède les moyens de production, planifie, fixe les prix et contrôle l’économie. De rapides taux de croissance entre les années 1920 et 1950 laissent place au déclin à partir de 1960 puis à la crise à partir des années 1980, les différentes réformes n’ayant pas les effets escomptés (réformes Liberman en 1962, Perestroïka en 1985…). Finalement, la chute de l’URSS, inéluctable, laisse place à une Russie dirigée par Boris Eltsine, qui est prêt à réformer l’économie du pays.
Boris Eltsine, plutôt que de sauver le système économique hérité de l’URSS, décide alors de le détruire, son but étant de mettre en place des réformes dures mais rapides : « la thérapie de choc ». Aidés d’économistes, tels que Iegor Gaïdar, il entreprend rapidement le développement de l’économie de marché, inspiré de la fameuse « école de Chicago ». Les réformes prévoient alors, avec l’aide du FMI, la libéralisation des prix et des importations tout en contenant l’inflation, une politique monétaire stricte, l’élimination du déficit budgétaire et la privatisation des entreprises d’Etat, mesures à l’origine d’une contestation importante. Un environnement économique propice fut également mis en place, via des lois sur la faillite (1993) ou l’adoption d’un Code civil (1995-1996), mais leur application resta difficile.
Une privatisation de l’appareil productif rapide et opaque
Afin de privatiser l’appareil de production, les citoyens russes se voient remettre un coupon qu’ils peuvent utiliser pour acheter une part d’entreprise ou tout simplement vendre. Entre janvier 1992 et juin 1994, 16500 entreprises sont ainsi privatisées auprès de plus de 40 millions de Russes, malgré le fait que la rapidité de ce processus ait empêché beaucoup de Russes de comprendre et de participer. D’autres programmes permettaient également aux employés et managers d’une entreprise de récupérer la majorité des parts de leur entreprise au prix nominal. Les entreprises les plus importantes, notamment dans les secteurs miniers et énergétiques, n’étaient quant à eux pas concernés. Mais en 1995, les problèmes économiques de l’Etat poussèrent celui-ci à accepter un prêt des grandes banques russes en échange du contrôle de ces grandes entreprises selon un système d’enchères.