L’éclatement de la Yougoslavie et ses conséquences (années 1990)
La mort de Tito, en 1980, a laissé la République Fédérale de Yougoslavie dans un grand désarroi. Celui-ci avait su unir les différentes Républiques en tant qu’Etat communiste indépendant de l’URSS. La Yougoslavie était un creuset de six Républiques (Serbie, Croatie, Slovénie, Bosnie-Herzégovine, Macédoine et Monténégro), d’au moins deux religions (christianisme –orthodoxe et catholique- islam), et de deux alphabets (latin et cyrillique). Dans chaque République, la population était fortement hétérogène (la Bosnie était ainsi peuplée de Serbes, de Croates par exemple !) Dix ans plus tard, en 1989, Slobodan Milosevic dirige le pays. Il est tout le contraire de Tito : nationaliste, centralisateur et surtout pro-serbe.
Le début de la crise yougoslave intervient véritablement au milieu de l’année 1991. La Croatie et la Slovénie décident une indépendance unilatérale. Elles craignent pour leur propre avenir face au poids croissant du pouvoir serbe au sein de la Fédération. Les Serbes de ces territoires n’ont d’autre choix que de souhaiter le rattachement de certaines régions à la Serbie. La Serbie de Milosevic se doit de lutter contre l’éclatement, et envoie ses forces armées. La Slovénie revient sur sa décision très rapidement, après une guerre de quelques jours. La Croatie suit la même voie en janvier 1992, après une guerre de sept mois l’ayant opposée aux forces fédérales et aux milices serbes.
Mais c’est bien évidemment la guerre de Bosnie-Herzégovine qui marque l’apogée des tensions. Là encore, face à la crainte du nationalisme serbe, les députés croates et musulmans de Bosnie se prononcent en faveur de l’indépendance en avril 1992. Les milices serbes, dirigées notamment par Karadzic et Mladic, entreprennent une véritable conquête de certains territoires, avec leur lot d’exactions : c’est la « purification ethnique », censée chasser Croates et musulmans. L’ONU intervient très mollement. Des exactions sont également commises contre les Serbes vivant en Croatie.
Après plusieurs échecs des médiations internationales, les présidents serbe, croate et bosnien se retrouvent à Dayton (Etats-Unis) en novembre 1995. L’accord de Dayton prévoit le maintien des frontières de l’Etat bosnien, en reconnaissant néanmoins l’existence de deux zones, une croato-musulmane et l’autre serbe. L’OTAN doit également se déployer pour prévenir toute autre confrontation. Depuis quinze ans, le destin de la Bosnie-Herzégovine dépend donc de la bonne entente entre Croates et musulmans. La question du retour des réfugiés est toujours prégnante aujourd’hui. Celle du jugement des criminels de guerre est, elle, en cours (Milosevic mort à La Haye, Karadzic déjà jugé par la CPI, Mladic bientôt).