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1914 - 1939Evénements

La Grande Dépression

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Mère migrante (Migrant Mother), par Dorothea Lange, 1936. L'un des symboles de la Grande Dépression
Mère migrante (Migrant Mother), par Dorothea Lange, 1936. L’un des symboles de la Grande Dépression

Jeudi 24 octobre 1929 c’est le jeudi noir, à New-York la panique gagne les spéculateurs et les cours plongent. La chute est amoindrie par les banques mais le lundi et le mardi suivant la bourse s’effondre et la finance, le système bancaire et l’économie suivent bien vite. Les Etats-Unis tombent. Comment cette crise d’abord interne à un pays s’est elle diffusée à l’économie mondiale ?

En 1932, le système bancaire américain rend son dernier souffle, empêchant toute relance par injection de liquidités de la part de la population dans le système (consommation). Entre 1929 et 1933, la production industrielle américaine est divisée par deux ! Le taux de chômage augmente fortement et atteint 9% en 1930 puis 25% en 1933, deux millions de personnes sont sans-abri. Les taudis (affectueusement renommés « hoovervilles » car le président républicain Herbert Hoover avait déclaré en 1928 « le monde est au début d’une grande expansion économique ») se développent. Et le PIB se contracte d’un tiers entre 1929 et 1933.

Dans la panique, les banques américaines rapatrient leurs intérêts des banques européennes entraînant un effondrement en dominos en 1931. En effet, cette fuite de capitaux fragilise grandement les banques européennes qui étaient en train de replacer leurs capitaux : les banques britanniques et françaises retirant les leurs des banques autrichiennes qui font faillite. Les banques allemandes ayant beaucoup investi dans les banques autrichiennes s’effondrent à leur tour. L’Allemagne est alors durement touchée (de 1929 à 1932 la production industrielle est divisée par deux et le chômage y est multiplié par deux). Les Britanniques s’en sortent mieux, mais dans le chaos ils ne peuvent rapatrier 100 des 150 millions de livres qu’ils ont placé à l’étranger. La France n’est que tardivement frappée et bien moins violemment que les autres mais aura du mal à se sortir de cette torpeur économique qui va durer. Cependant ce sont le Japon et les pays non industrialisés qui sont frappés en premier (dès 1930). En Amérique du Sud, en Asie et en Afrique, se produit la « crise des produits de dessert » liée à la forte baisse du pouvoir d’achat en Europe et en Amérique du Nord.

Le deuxième facteur d’effondrement est la segmentation que subit le commerce mondial : les mesures protectionnistes fleurissent et les droits de douane explosent (+100% entre 1929 et 1936, les Etats-Unis ouvrent la marche avec le tarif Smoot-Hawley qui augmente leur droit de douane de 30%). La France et le Royaume-Unis tentent de se replier sur leurs colonies, mettant au point la « préférence impériale », interdite lors de la Conférence de Berlin (1885) mais largement pratiquée après 1914. Les réactions gouvernementales en Europe ne seront pas plus adéquates que celles aux États-Unis. En France la crise sera aggravée par les mesures déflationnistes baisse des prix et des salaires) des gouvernements Tardieu et Laval, bien que ceux-ci tenteront, de façon limitée, quelques grands travaux (dont l’électrification des campagnes). Le monde entier est touché exceptée l’Union soviétique de Staline, protégée par son système économique autarcique.

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