Pourquoi la colonisation ?
Dans le dernier quart du XIX° siècle, la colonisation européenne du reste du monde s’accélère. En France, le 28 juillet 1885, Jules Ferry développe une série d’arguments en faveur de la colonisation face à la Chambre des députés. Ainsi, la colonisation trouve, à l’époque, ses justifications dans une série de thèses économiques, humanitaires et géopolitiques.
Premièrement, la colonisation est considérée comme une aubaine économique. En effet, coloniser de nouveaux territoires permet le commerce de nouveaux produits agricoles et l’extraction de matières premières indispensables aux économies européennes. Par ailleurs, alors que l’Europe est plongée dans le marasme économique et que les pays européens tendent à réduire leurs échanges entre eux, les colonies peuvent constituer un débouché non négligeable pour les métropoles. Cette situation sera notamment très perceptible lors de la crise des années 1930, les liens entre métropole et colonies se resserrant fortement d’un point de vue économique à cette époque. Au final, les colonies furent surtout en charger d’exporter des matières premières mais développèrent très peu d’industries, celles-ci restant l’apanage de la métropole.
Notion de races et désir de reconnaissance internationale
Une seconde série d’arguments, bien plus controversés, est d’ordre « humanitaire ». Elle consiste en une distinction entre « races supérieures » (les Européens) et « races inférieures » (les indigènes, populations de l’empire colonial). Cette distinction, courante à l’époque, s’appuie notamment sur les progrès des Lumières dans les domaines de la raison, des sciences et des technologies. Les Européens considèrent ainsi que leur devoir est d’apporter la civilisation à l’ensemble des populations du globe via la création d’écoles, d’hôpitaux, etc. Pour cela, les Européens ont considéré qu’il leur incombait de gouverner les indigènes, dans l’intérêt de ces derniers. Mais cela a bien souvent abouti au travail forcé des indigènes, provoquant la mort de milliers d’entre eux lors de la réalisation de grands travaux d’infrastructure par exemple.
Enfin, la conquête d’un empire colonial avait également une portée géopolitique, même si cette notion n’existait pas encore à l’époque. En effet, les pays européens voulaient ainsi accroître leur influence dans le monde, gagner en reconnaissance, montrer leur puissance militaire et flatter l’orgueil national. En France, notamment, la perte de l’Alsace et de la Lorraine en 1871 alimenta ce désir d’expansion.
Au début du XX° siècle, Alexandre Merignhac résumait ainsi tous ces arguments : « Coloniser, c’est se mettre en rapport avec des pays neufs, pour profiter des ressources de toute nature de ces pays, les mettre en valeur dans l’intérêt national, et en même temps apporter aux peuplades primitives qui en sont privées les avantages de la culture intellectuelle, sociale, scientifique, morale, artistique, littéraire, commerciale et industrielle, apanage des races supérieures ».