Tiers-Monde et émergents

La réserve historique chinoise à l’occidentalisation

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Chine-Occident 2Au début du XX° siècle, le processus d’industrialisation est circonscrit aux périmètres côtiers et un infinitésimal tantième de la population active travaille dans les usines (0,1% en 1900, 0,25% en 1933). De nombreuses techniques de production et de transport (les chemins de fer) sont administrées par des capitaux extérieurs. L’aversion à l’égard des allogènes fulmine à l’orée du siècle avec la sédition des Boxers. Ces derniers embrasent et détroussent les lieux où se trouvent les étrangers et écharpent les Chinois alors catéchisés au Christianisme. En 1900, ils s’emparent de Pékin, lynchent les ministres japonais et allemands et assaillissent les légations étrangères. Alors que le Japon a accepté les techniques provenant de l’extérieur, la Chine se rebiffe et renonce à l’occidentalisation, redoutant de voir son mode de vie et ses valeurs se désagréger.

Au cours de la révolution de 1911, le Parti Nationaliste Chinois orchestre un ‘putsch’ et fonde la Première République Chinoise. Au cours la Première Guerre mondiale, le Japon s’entremet dans les affaires intérieures chinoises et expérimente une imposition du « diktat » (droit de construire des voies ferrées, obligation de consulter le Japon en cas d’emprunt extérieur…) : la Chine accepte presque toutes les conditions sauf la subordination administrative ainsi que politique. La turbulance politique devient chronique : durant une décade (1916-1926) le pays est livré aux abus des seigneurs de la guerre, lesquels, à l’aide d’armes privées, narguent le pouvoir central. En 1921, Mao Zedong et Zhou Enlai créent le Parti Communiste Chinois, lequel deviendra graduellement le principal protagoniste de la lutte armée ainsi que de la vie politique. La Chine traverse une période profondément décousue et connaît deux guerres civiles avant que la lutte qui déchira la Chine ne tourne en faveur des communistes en 1949 sous le coup de fouet de Mao Zedong.

La Chine affirme progressivement son statut de grande puissance et n’hésite pas à participer à la guerre de Corée (1950-1953). Le commerce extérieur, longtemps cantonné aux exportations de produits miniers ainsi qu’aux importations de machines industrielles, s’est d’abord tournée vers l’URSS ainsi que d’autres pays socialistes. En février 1950, un traité d’alliance et d’assistance mutuelle pour trente ans est signé à Moscou. Toutefois, en 1960, les techniciens soviétiques quittent la Chine en laissant véritablement imparfaits de nombreux projets et l’URSS désamorce précipitamment son assistance financière. Désormais, le monde communiste est compartimenté en deux. Les flux commerciaux entre les deux grandes puissances du monde communiste diminuent considérablement : la part des échanges de la Chine avec l’Union soviétique et les pays socialistes passe alors de 70% en 1959 à 25% en 1966.

Enfin, l’histoire contemporaine des relations de la Chine avec le reste du monde s’avère assez orageuse. Elle est ponctuée par la guerre et par des velléités d’ouverture astreinte du marché chinois (Empire Britannique, Japon). Mais comme le signale Lévi-Strauss, la première forme de rencontre entre les peuples reste le plus souvent la guerre. Les conflits qui ont émaillé l’histoire contemporaine chinoise ont contribué à façonner la Chine d’aujourd’hui. Celle-ci est-t-elle plus encline à se tourner vers l’Occident ?

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