Mozambique : le retour des émeutes de la faim ?
Au cours des dernières heures ont été dénombrés plusieurs morts à Maputo, la capitale du Mozambique, au cours de violentes manifestations avec la police. L’Afrique nous a malheureusement habitués ces derniers temps à des révoltes populaires contre des pouvoirs en place (des juntes militaires, par exemple), demandant aussi le respect des règles démocratiques. Mais, en ce XXIe siècle, de nouveaux motifs apparaissent, faisant craindre de plus terribles conséquences : des émeutes de la faim. Ce terme a principalement été utilisé après la hausse du prix de plusieurs denrées de première nécessité en 2007-2008. Il semble que le Mozambique soit le premier pays touché par une nouvelle vague.
Les populations souffrantes n’ont guère que ces moyens « violents » pour exprimer toute leur souffrance, faute de pouvoir véhiculer autrement leur mécontentement. Beaucoup se plaignent d’une hausse du coût de la vie. Qui plus est, facteur aggravant, en plus de la hausse du prix de produits agricoles, le Mozambique a dû faire face à une dépréciation de sa monnaie, le metical, par rapport à la monnaie du tout puissant voisin sud-africain, le rand. Résultat, le prix de nombreux produits, divers et variés, comme l’eau, l’essence ou le pain a dramatiquement augmenté. Néanmoins, on ne peut que s‘insurger face à la réponse du gouvernement. Tirer sur des gens à balles réelles n’est certainement pas la réaction la plus adaptée pour faire cesser le mécontentement. Mais l’intervention policière était quand même nécessaire contre une minorité cherchant avant tout à voler dans les magasins et à vandaliser.
L’exemple mozambicain est, certainement, le premier d’une longue liste. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, la FAO, a avoué que les prix des denrées de base n’avaient jamais été aussi hauts depuis 2 ans. Les prix ont aussi augmenté de 5% depuis Juin. Comme toujours, les arguments classiques sont de sortie : sécheresses dans certains pays, embargo des exportations russes, augmentation du prix du pétrole, mauvais choix gouvernementaux, auxquels s’ajoute, dans le cas mozambicain, la corruption gouvernementale. Mais c’est encore une fois la léthargie des pays du Nord et de la communauté internationale qui peut être également soulignée, une lenteur à prendre des décisions permettant (enfin) de limiter la spéculation sur les produits agricoles, qui gangrène actuellement le marché. Espérons que 2010 ne soit pas comme 2008, année au cours de laquelle le nombre de sous-alimentés avait fortement augmenté.