La cité lacustre de Ganvié
L’Histoire d’une région, d’un État ou d’une population façonne son fonctionnement, ses habitudes et ses problématiques actuels. L’Afrique de l’ouest a été, et est encore aujourd’hui, le théâtre de multiples influences, notamment religieuses : du fétichisme ancestral, au christianisme de l’époque coloniale, à la place croissante de l’islam. Nous avons décidé d’aborder la question de la cité lacustre de Ganvié. Au coeur de multiples influences, ce village béninois a opté pour un fonctionnement à contre-courant de l’urbanisation que nous pouvons observer un peu partout dans le monde.
La République du Bénin, indépendante depuis 1960, se situe dans l’ouest de l’Afrique. Il compte pour voisins le Togo, le Burkina Faso, le Niger et le Nigéria. Ici, nous allons nous concentrer sur un village atypique localisé dans l’extrême-sud du pays. Située à quelques kilomètres de la capitale économique du pays, Cotonou, Ganvié est ce que nous appelons une cité lacustre. Actuellement, environ 30 000 personnes y vivent. Historiquement, ce fut pour fuir les esclavagistes, au XVIIIe siècle, que certains partirent s’installer dans cette zone marécageuse.
Ganvié : une cité atypique.
Surnommé la « Venise de l’Afrique », Ganvié figure sur la liste indicative de l’UNESCO depuis 1996. Depuis de nombreuses années, Ganvié jouit des retombées économiques liées au tourisme. En effet, un nombre grandissant d’Européens et d’Africains s’intéressent au village lacustre à l’architecture pittoresque. Ici, il n’y a ni immeubles, ni arbres, seulement des maisons construites en bambou et couvertes de tôles ou de pailles, bâties sur pilotis au-dessus du lac Nokoué. Ganvié est par ailleurs aussi dépourvu d’électricité et d’eau courante. La mise en place d’un réservoir d’eau par Emmaüs International constitue l’unique accès à l’eau potable du village.
Le manque d’infrastructures rend les perspectives d’emplois assez limitées. Ainsi, la principale source de revenu des habitants de Ganvié est la pêche. Si les hommes en sont en charge, les femmes gèrent l’aspect économique en allant vendre les prises au marché. Le secteur de la pêche est, là aussi, atypique. Il repose sur la tradition ancienne des akaja, des champs aquatiques séparés par des barrières flottantes. Toutefois, ce secteur est de plus en plus saturé. Les habitants doivent ainsi se tourner vers d’autres moyens pour gagner de l’argent. Certains optent pour la collecte de sable, du fait de son importance dans le domaine de la construction. Ceux qui le collectent partent ensuite le revendre à Cotonou, capitale économique du pays.
Ganvié : une cité tolérante.
Malgré cette organisation, le village dispose notamment d’une école, d’un marché flottant, de restaurants, de bars, d’auberges pour touristes, d’un cinéma et même d’une salle d’arcade. Pour se rendre dans ces différents lieux, les habitants de Ganvié doivent utiliser des pirogues. Les habitants font aussi preuve d’une grande tolérance : chrétiens, musulmans et vaudous vivent ici en harmonie. Bien que le paganisme vaudou soit très présent (13 % des Béninois), l’islam ahmadiyya gagne en influence à Ganvié. Cette croyance, née en Inde au XIXe siècle, est perçue comme étant une secte par les courants majoritaires de l’islam. Le Pakistan l’a même qualifiée de « non-musulmane ». Elle connaît néanmoins une forte popularité dans le Sahel et dans la région des Grands Lacs. Du fait de cette popularité, Ganvié se trouve à un carrefour d’influences, ceci faisant de ce village un cité atypique.
Sources
« Ganvié: la ‘Venise de l’Afrique’ attire des milliers de touristes », Jeune Afrique, 04/01/09.
BAYIHA William, « Bénin : à la découverte du marché flottant de Ganvié », Africanews, 03/05/16.
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