Mozambique, l’enjeu de l’insertion dans la mondialisation par les transports
A travers le Nacala Corridor, inauguré en mai dernier par le président Filipe Nyusi, le Mozambique tient son espoir d’une meilleure intégration à la mondialisation.
Un méga-projet pour valoriser le Mozambique
Le coût total du projet s’élève à 4 milliards d’euros, soit un tiers du PIB domestique. Il correspond à la création d’infrastructures ferroviaires, portuaires et aéroportuaires à Nacala. Ce choix est dicté par le besoin d’augmenter l’exportation du charbon extrait dans la province de Tete, à l’ouest du pays, mais aussi par la découverte de gigantesques gisements gaziers à Pemba, plus au Nord. D’autre part, la ville de Nacala est située à mi-chemin entre Nairobi et Durban, et espère ainsi s’imposer comme un hub à l’échelle régionale, notamment au coeur de la CDAA (Communauté de développement d’Afrique Australe -SADC-). A terme, le port de Nacala, seul port en eaux profondes du pays, pourrait surpasser celui de Maputo, pourtant capitale du pays, mais qui pâtit de sa trop grande proximité avec le géant sud-africain. L’émergent polarise en effet les flux régionaux grâce notamment à son large réseau ferré qui représente un quart du rail en Afrique.
Pour financer ce projet, le Mozambique peut s’appuyer sur des investisseurs étrangers. Tout d’abord, les anciens liens coloniaux au sein de la lusophonie sont mis à profit. L’entreprise brésilienne Vale, qui exploite le charbon de Tete, finance le projet à hauteur de 35%. Toutefois, le Japon se montre également intéressé dans le cadre de son attrait actuel pour le continent africain, réaffirmé par l’annonce de l’Asian-African Growth Corridor en partenariat avec l’Inde pour concurrencer la Chine. Les investissements japonais en Afrique se concentrent en effet dans les infrastructures et les corridors de développement. Ainsi, le keirestu japonais Mitsui finance lui aussi 35% du projet, en échange d’une partie de la production de charbon destinée aux centrales thermiques japonaises. Les entreprises locales détiennent enfin 30% du corridor logistique.
Les transports, enjeux du développement africain au sein de la mondialisation
Ce choix reflète une volonté africaine de s’insérer toujours plus dans la mondialisation en se désenclavant. Les corridors logistiques constituent en effet un réponse à la « malédiction des matières premières », car un projet minier représente une opportunité pour développer un corridor de transport ouvert à d’autres usages comme l’export de produits agricoles ou industriels. Le programme pan-africain NEPAD (New Partnership for Africa’s Developement) soutient par ailleurs le méga-projet de Nacala, notamment pour sa capacité à favoriser l’intégration régionale par la voie des échanges. Cependant, une telle insertion basée sur les matières premières reste fragile. Les travaux du corridor de Nacala ont ainsi pris 2 ans de retard lors de la forte chute des cours du charbon amorcée depuis 2011. Cette volatilité explique en partie l’échec de projets similaires annoncés en Guinée ou au Congo.