Les marées au Nigéria : un pays dans le noir
La grande catastrophe écologique du golfe du Mexique n’est rien à côté de celle que connaît le delta du Niger depuis une cinquantaine d’années.
En effet, des centaines d’oléoducs rongés par la rouille ont envahi depuis des décennies la région, provoquant une pollution sans commune mesure : champs dévastés, puits d’eau potable totalement souillés, végétation anéantie, forêts et terres agricoles pollués, maladies… Chaque année voit son flot de pétrole s’échapper des stations de pompage et des plateformes pétrolières, sans que les compagnies pétrolières responsables de cette catastrophe écologique ne prennent la mesure de leurs responsabilités et restent, pour ainsi dire, sourdes aux revendications et aux plaintes des villageois bordant les côtes du Niger. Il est vrai que les centaines et centaines de champs pétrolifères du delta du Niger fournissent près de 40 % du total des importations américaines de brut. Il est donc patent que, dans ce contexte, le nombre de marées noires survenues depuis des décennies soit passé sous silence, et c’est précisément parce que l’information est souvent étouffée qu’il est difficile de mesurer quelle quantité de pétrole se déverse chaque année dans le delta. Néanmoins, des experts indiquent, à titre de comparaison, que chaque année, c’est l’équivalent de l’actuelle fuite du golfe du Mexique qui se déverse dans le delta !
La pollution a atteint une ampleur indescriptible : près de 300 marées noires par an, faisant de cette région la capitale mondiale de la pollution pétrolifère. Beaucoup de bonnes volontés, tant au Nigéria qu’ailleurs, se battent pour que les groupes pétroliers, responsables de cette catastrophe écologique et humaine cessent d’être au-dessus des lois, et dans cette optique, ces militants demandent à ce que ces affaires soient portées devant la Cour internationale de justice…