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Le marasme économico-social, ou la crise à travers le prisme français

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La foule s'attroupe devant l'édifice de la Bourse de New-York, en octobre 1929
La foule s’attroupe devant l’édifice de la Bourse de New-York, en octobre 1929

La France paraît nantie et florissante. L’Exposition coloniale de Vincennes en mai 1931 rend bien compte de son hégémonie mondiale ainsi que de ses ressources que lui procure son ample empire. Les industries modernes se développent (sidérurgie, constructions mécaniques), au détriment des vieilles industries, alors repliées sur un marché intérieur autarcique (textile). L’accélération industrielle est permise par l’action du patronat moderne, avec des figures telles Renault ou encore Loucheur. Pourtant, la modernisation n’est point au rendez-vous. La grande majorité du patronat est peu encline à utiliser les innovations, n’investit que modestement. Ainsi, les structures professionnelles modestes perdurent, et n’émergent véritablement un monde de l’entreprise dont l’ordre serait révolutionné par l’arrivé de machines davantage sophistiquées. Les modes de production demeurent désuets et ne permettent guère l’autosuffisance alimentaire du pays. Le marché national demeure véritablement comprimé du fait d’une croissance démographique atone. A partir de 1930, les exportations chutent, de nombreuses difficultés touchent les entreprises chargées d’assurer les exportations. Le retard de l’économie explique le déclenchement tardif de la crise. Le « krach » de Wall Street en 1929 a une portée faible : la France, peu engagée dans la globalisation des économies et des marchés et moindrement incorporée aux courants commerciaux mondiaux, ne demeure que peu affectée par le retrait massif des capitaux américains du territoire ainsi que par le concours du marché mondial. La crise ne balbutiera qu’en 1931, lorsque les dévaluations des pays tiers participeront à la perte radicale de compétitivité des produits français.

Par la suite, la crise s’enlise. Elle touche essentiellement les secteurs archaïques de l’économie ainsi que l’agriculture. Cette dernière est affectée par la mévente et la chute des prix des productions de blé et de betterave notamment. La crise agricole alimente alors la dépression généralisée de toute l’économie française, via le « phénomène des ciseaux ». Dans l’industrie, la crise atteint particulièrement les secteurs peu rentables, tels l’industrie extractives ou encore textile. La durée de la crise s’explique essentiellement par l’inadéquation entre les problèmes structurels de diverses natures et les mesures gouvernementales. Les gouvernements pratiquent la déflation. Ils augmentent considérablement les droits de douane et contingentent drastiquement les importations, cherchant, en fait, à diminuer de manière coupante la production et le déficit budgétaire. La reprise n’aura lieu qu’en 1939, avec le retour en force du libéralisme.

La crise engendre de multiples effets d’ordres sociaux. L’ensemble des revenus baisse sensiblement, de 35% en valeur nominale, de 12% en valeur réelle. Du fait de la diminution considérable du niveau d’activité, les dirigeants d’entreprise licencient massivement et, par là-même, le chômage fait son retour, touchant plus précisément femmes et étrangers. Il culminera d’ailleurs à 600000 chômeurs déclarés en 1936. Même les salariés conservant leur emploi sont affectés par la baisse de la durée du travail ainsi que la suppression des heures supplémentaires…

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