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Le néoréalisme en Relations Internationales

Apparu à la fin des années 1970 comme le successeur du réalisme classique, le néoréalisme fut pendant longtemps considéré comme le courant le plus influent des Relations Internationales. A cette époque, le réalisme classique perdait de plus en plus de son éclat au sein des milieux universitaires attachés à l’étude des relations internationales, en raison notamment de l’existence de certains faits internationaux qui contredisaient indéniablement la pertinence de ce modèle basé sur la défense des intérêts nationaux, définis en terme de puissance. La prise de conscience de l’interdépendance des Etats, l’importance accrue des organisations internationales, la coopération partielle qui s’établissait entre les deux grands systèmes antagonistes de la guerre froide, étaient en effet autant d’éléments participant à fragiliser les principes du réalisme classique et qui par conséquent discréditaient les réflexions des théoriciens partisans de ce courant. Afin de remettre au goût du jour les principes de cette pensée, il sembla alors nécessaire de corriger les faiblesses du réalisme classique, en prenant compte de ces considérations.

Les principes du néoréalisme furent édictés par Kenneth Waltz, l'internationaliste le plus cité dans le domaine des Relations Internationales.
Les principes du néoréalisme furent édictés par Kenneth Waltz, le théoricien le plus cité dans le domaine des Relations Internationales.

L’initiative vint du célèbre internationaliste Kenneth Waltz, aujourd’hui l’auteur le plus cité en Relations Internationales, qui tenta de définir les contours de cette nouvelle théorie dans son ouvrage Theory of International Politics (1979). Waltz reprit une partie des postulats du réalisme traditionnel, à savoir la primauté des Etats, la séparation entre l’ordre interne et externe (sur laquelle il insiste particulièrement), ainsi que la nature anarchique du système international, mais adopta une nouvelle posture quant au niveau d’analyse choisi. Plutôt que de s’intéresser à l’action singulière des Etats, il marqua une rupture avec le réalisme classique en considérant que c’est la structure du système international qui conditionne le comportement des Etats, offrant ainsi plus une explication de la politique internationale que des relations internationales dans leur globalité. Les appellations « structuro-réalisme » ou « réalisme structurel » parfois utilisées en lieu et place du terme « néoréalisme » est d’ailleurs la preuve de la prédominance du concept de « structure » au sein de cette théorie.

Pour Waltz, trois éléments composent la structure du système international. Le premier est un principe ordonnateur que Waltz identifie dans l’anarchie, c’est-à-dire dans l’absence d’une autorité centrale capable d’ordonner les rapports entre les différentes unités composant le système, en l’occurrence les Etats. Il est à noter que pour les néoréalistes, l’anarchie revête un caractère bien plus important que chez les réalistes classiques comme variable déterminante de la conduite des unités. Le second correspond au principe fonctionnel de ces unités qui selon Waltz est d’assurer leur survie. Il s’agit là d’un trait essentiel de la théorie néoréaliste puisque ce n’est plus, comme pouvait l’affirmer les réalistes classiques, la recherche de la puissance qui gouverne l’action étatique, mais bien la nécessité pour l’Etat de perpétuer son existence et de survivre au sein du système. C’est la logique de l’anarchie qui impose aux Etats cette similitude fonctionnelle. Mais la survie n’est pas l’unique dessein étatique, bien qu’elle reste l’objectif premier ; celui qui prime sur tous les autres. Enfin, le troisième élément est la répartition des capacités entre les unités. En effet, si les Etats sont tous mus par une fonction identique de survie, il n’en demeure pas moins que les capacités, c’est-à-dire les moyens d’y parvenir, ne sont jamais également réparties, et que cette inégalité participe au façonnement du comportement des Etats. La taille de la population et du territoire, la dotation en ressources naturelles, la capacité économique, la force militaire, et enfin la compétence et la stabilité politique sont les éléments repérés par Waltz pour définir le concept de capacité.

Ainsi, pour les néoréalistes, l’anarchie n’est pas une simple caractéristique du système international comme pouvaient l’affirmer les réalistes classiques, mais elle est la cause de toutes les actions étatiques entreprises sur la scène internationale. Cette structure anarchique créant de l’insécurité pour les Etats, ces derniers sont obligés de se garantir face à l’incertitude qui prédomine dans le système international, et notamment à cause de l’impossibilité d’identifier avec certitude les intentions plus ou moins belliqueuses ou pacifiques des autres Etats. Dans ce contexte, seul le recours à des moyens de défense jugés suffisants permet à chaque Etat d’assurer sa survie. A ce sujet, Waltz est le premier à énoncer le principe de « self-help » renvoyant à l’idée que dans un système anarchique, les unités qui le composent ne peuvent compter que sur elles-mêmes et sur leurs propres moyens pour assurer cette survie.

Waltz ira encore plus loin dans sa réflexion en distinguant les unités fortes des unités faibles ; un Etat étant considéré comme fort lorsqu’il influe plus sur les autres que les autres n’influent sur lui. Cette distinction qui souligne l’importance des grandes puissances au sein du système internationale est également utilisée par Waltz pour fonder le concept de polarité, désignant une configuration particulière de la hiérarchie entre les différents Etats. Ce concept fut reprit et alimenté par les théoriciens néoréalistes qui distinguent finalement trois possibilités de polarité au sein du système international : l’unipolarité, correspondant à une situation dans laquelle une seule grande puissance domine (on parle également d’un « système hégémonique »), la bipolarité, qui voit s’affronter deux grandes puissances de même envergure, et enfin la multipolarité, se caractérisant par l’existence de plus de deux pôles de puissance. Pour assurer leur survie, les Etats disposent dès lors de deux stratégies : le bandwagoning ou l’équilibre des puissances. Dans le premier cas, les Etats chercheront à s’allier avec le ou les Etats les plus forts ou les plus menaçants, ceci afin de bénéficier soit de leur protection, soit pour augmenter l’assurance de ne pas être attaqué. Dans le second, il s’agira également de s’allier à d’autres unités, mais cette fois-ci dans le but de concurrencer une puissance dominante dont les capacités, notamment militaires, sont menaçantes.

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