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L’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE)

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L'OSCE, fruit de la conférence d'Helsinki en pleine guerre froide (1975), est aujourd'hui en crise.
L’OSCE, fruit de la conférence d’Helsinki en pleine guerre froide (1975), est aujourd’hui en crise.

Fondée en 1975, l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE), ex-CSCE, fut un acteur majeur de dialogue Est-Ouest. Dans un contexte de guerre froide, le processus d’Helsinki, débuté en 1973, permet d’ouvrir une phase de négociations sur 3 domaines (ou corbeilles) : questions politiques et militaires / économiques et écologiques / droits fondamentaux. C’est de cette conférence que naît la Conférence pour la Sécurité et la Coopération en Europe (CSCE) en 1975. En 1990, elle se dote d’institutions permanentes et devient, en 1994, l’OSCE, une institution dotée d’un statut particulier puisqu’elle est issue non pas d’un traité, comme les autres organisations, mais d’une déclaration politique. Composée aujourd’hui de 57 membres, c’est la plus vaste organisation de sécurité régionale de l’hémisphère Nord.

Basée à Vienne, l’OSCE est une structure récente, composée de 3 000 fonctionnaires et dotée de 200 M € budget. Un secrétariat général applique la politique fixée par le Conseil permanent. Si les missions sont nombreuses, il faut en retenir que l’OSCE permet une maîtrise armements, notamment au travers du Traité sur Forces conventionnelles en Europe (FCE) de 1990 et qu’elle mène des actions très importantes en Europe orientale. Elle est à l’origine du groupe de Minsk (1992) pour résoudre le conflit du Haut-Karabagh entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Elle envoie des missions d’observations, notamment en Ossétie du Sud. Elle soutient logistiquement le processus de démocratisation dans les PECO grâce à son bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme à Varsovie. Enfin, elle peut surveiller des élections, ce qu’elle fit en Afghanistan ou en Ukraine.

Toutefois, le processus de décisions et sa composition immobilisent depuis des années le fonctionnement de cette organisation. Aucun Conseil depuis plus de dix ans n’a été capable d’imposer ses recommandations. L’OSCE se trouve concurrencée radicalement par l’UE ou OTAN. Surtout, elle est la cible de nombreuses critiques de Moscou qui considère que l’Occident utilise cette organisation pour favoriser l’épanouissement démocratique en Europe orientale au détriment des intérêts slaves (l’OSCE serait aussi la passerelle entre les services secrets polonais et britanniques et les partis ayant organisé la Révolution orange ukrainienne de 2004).

De ce blocage, il peut sortir une réforme profonde : certains proposent de réduire l’autonomie du bureau des droits de l’homme, d’autres promeuvent un principe nouveau de sécurité indivisible qui renforcerait le dialogue entre pays membres. Ainsi, si un Etat juge sa sécurité menacée, il devrait consulter obligatoirement les autres. Mais toutes ses réformes entretiennent la méfiance de la Russie envers l’OTAN. Et ce alors que l’OSCE aurait pu être une instance majeure de l’alignement des intérêts européens et russes, facteur d’équilibre des puissances de part et d’autre de l’Atlantique. L’évolution de la crise ukrainienne est ainsi déterminante pour redéfinir le rôle de cette organisation.

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