Les marchés africains de l’Afrique du Sud
Ajoutée aux BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) depuis quelques années, l’Afrique du Sud tente de démontrer son statut de pays émergent, en grande partie par sa présence croissante sur le continent africain.
L’Afrique du Sud a longtemps été vue comme un émergent prometteur cependant incapable de rivaliser avec les BRIC, principalement du fait d’une population et d’une superficie inférieures. Pourtant, avec les difficultés récentes des BRIC, c’est bien l’Afrique du Sud qui apparait comme un des émergents les moins décevants, utilisant sa présence géographique en Afrique pour y investir. En 2013, elle était ainsi le plus grand investisseur en Afrique (en termes de nombre d’Investissements Directs à l’Etranger – IDE), devant des pays comme la Chine ou la France, bien qu’elle reste loin derrière eux sur la valeur des IDE. Cela revient à dire que l’Afrique du Sud investit sur le continent à travers des projets de moindre taille, collant plus aux besoins du continent. Dernièrement, l’Etat a même réduit différentes taxes pour les entreprises qui investissent sur le reste du continent.
Ce sont les services qui comptent pour la moitié des investissements, notamment au niveau du secteur bancaire (comme la Standard Bank sud-africaine). Les télécommunications sont également très porteuses, avec le grand opérateur MTN, sans oublier la distribution, comme avec Shoprite, présente dans plus de vingt pays africains grâce à de très nombreux magasins. Ces entreprises continentales tentent le plus souvent de trouver des financements locaux, sans requérir l’aide de la maison-mère, ce qui en fait une différence notable avec les concurrents européens ou asiatiques.
En termes de destinations, l’Afrique du Sud s’implante sur les marchés les plus prometteurs du continent. Elle a ainsi fait du Nigeria une implantation de choix, tout comme le Ghana, le Kenya, sans oublier tous les pays d’Afrique australe. Cette combinaison de croissance constante, de marché à plusieurs centaines de millions de consommateurs viables et d’infrastructures existantes modestes permet aux entreprises sud-africaines de cumuler les retours sur investissement. On estime aujourd’hui que 30% des exports du pays sont destinés au continent.
Une telle ouverture sur l’étranger permet à l’Afrique du Sud de compenser ses difficultés économiques actuelles (croissance en berne à 1-2%/an, inflation en hausse, déficits croissants), après une décennie de boom économique sans précédent. Néanmoins, même si les perspectives d’expansion demeurent intéressantes pour les entreprises sud-africaines, les difficultés demeurent nombreuses, tant le continent apparait divisé, économiquement et culturellement, avec des infrastructures déficientes dans de très nombreux pays, des barrières à l’import importantes, des régulations diverses, rendant le commerce intracontinental toujours assez peu développé et compliqué.