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Les révolutions de couleur dans l’ex-URSS: l’Ukraine (3/5)

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La révolution orange en Ukraine fut considérée comme une humiliation par Vladimir Poutine. En suivant l’exemple de la révolution des roses géorgienne, la révolution orange est la deuxième révolution de couleur dans l’ex-Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS). Elle marque la volonté de la société ukrainienne de tourner la page de l’URSS et de se détacher de l’influence russe.  La couleur orange, figure de l’opposition au pouvoir en place et symbole de l’optimisme, s’empare de l’Ukraine, marquant la fin d’un processus d’influence entre les Occidentaux et la Russie mais aussi l’entrée de la société civile dans la vie politique du pays. 

L’héritage de l’URSS

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Leonid Koutchma en 2001, président de l’Ukraine de 1994 à 2004.

Après la chute de l’URSS, Leonid Kravtchouk, numéro deux du parti communiste d’Ukraine et dernier dirigeant de la République socialiste soviétique d’Ukraine, remporte les élections présidentielles de décembre 1991. Dans un contexte de transition économique difficile, il maintient un statu quo dans la gestion des affaires du pays. Les anciens dirigeants communistes restent en place tandis que les tentatives de réformes constitutionnelles échouent.

En juillet 1994, c’est l’ancien Premier ministre de L. Kravtchouk qui remporte les élections présidentielles, Leonid Koutchma. Il accélère la libéralisation de l’économie en supprimant les subventions pour l’agriculture et le contrôle des prix tout en procédant à des privatisations. De plus, il reçoit le soutien du Fonds monétaire international (FMI) à travers un prêt. De plus, en septembre 1996, une nouvelle monnaie voit le jour pour stabiliser l’économie et endiguer l’inflation, le hryvnia. En 2000, l’activité industrielle redémarre en lien avec la reprise de la croissance russe malgré la forte proportion de l’économie souterraine dans la vie quotidienne.

Une gestion autoritaire du pouvoir

En parallèle des réformes économiques, le régime se durcit avec une réforme constitutionnelle entraînant une présidentialisation du régime. L. Koutchma s’entoure de plusieurs oligarques tandis que la pression sur les médias s’accentue. Le gouvernement distribue des temnik (« instructions écrites ») aux chaînes de télévision et aux journaux, orientant l’interprétation des événements. Alors que L. Koutchma remporte à nouveau les élections présidentielles de 1999, une opposition libérale se développe. Par ailleurs, la défiance de la population grandit avec la mystérieuse mort du journaliste G. Gongadzé et le « scandale des cassettes ». Ce dernier révèle des enregistrements audios du président dans lequel il commande la mort du journaliste et demande de s’occuper de l’opposition. Des manifestations s’organisent autour du slogan « L’Ukraine sans Koutchma » dans le pays mais sont violemment réprimées. Rapidement, l’Ukraine s’attire les critiques de l’Union européenne (UE) et des États-Unis. De facto, le pays se tourne vers la Russie de Vladimir Poutine.

Un pays tiraillé entre la Russie et l’Occident

En 1994 l’Ukraine et l’UE signent un accord d’association tandis qu’un partenariat pour la paix avec l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) voit le jour. En 2002, le plan d’action OTAN-Ukraine est mis en place avec la perspective de permettre à l’Ukraine de rejoindre l’organisation. Si l’UE apporte une aide économique à l’Ukraine entre 1991 et 2004, les relations sont irrégulières. De plus, en 2002, les États-Unis accusent l’Ukraine d’avoir vendu illégalement des armes à l’Irak de Saddam Hussein. En parallèle, L. Koutchma conserve un dialogue soutenu avec la Russie avec la signature d’un traité d’amitié en 1997 entre l’Ukraine et la Russie. Mais, des difficultés apparaissent aussi avec la Russie sur la question de la Crimée et la gestion du port de Sébastopol. Par ailleurs, l’implication de la Russie dans l’économie ukrainienne est tellement forte qu’il est impossible pour l’Ukraine de proposer une politique étrangère équilibrée.

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Viktor Ioutchenko en 2006, président de l’Ukraine de 2004 à 2010.

Mais, l’Ukraine reste un terrain de confrontation entre l’UE, les États-Unis et la Russie. Des Organisations non gouvernementales (ONG) se développent et reçoivent des soutiens financiers. C’est le cas du mouvement non violent « Pora ! » (« C’est l’heure ») qui a reçu des formations de la part du mouvement serbe d’opposition à S. Milosevic, Optar, mais aussi des financements du National Endowment for Democracy américain. Dans tout le pays, émergent des médias indépendants sur internet tels que Ukrainska Pravda ou encore des stations radios avec notamment Radio Era, Voice of America et la British Broadcasting Corporation (BBC). À travers la création des ONG et des nouveaux médias, l’opposition se structure autour de Viktor Iouchtchenko – ancien Premier ministre de L. Koutchma démis de ses fonctions en 2001 – et de son parti « Notre Ukraine » (BVYNU). Il catalyse l’opposition autour d’un discours critiquant le président ukrainien et sa gestion des affaires.

Vers une nouvelle Ukraine

Les élections présidentielles de 2004 déclenchent la révolution orange. V. Iouchtchenko se présente à travers le parti BVYNU et reçoit le soutien de Ioulia Tymochenko, présidente du parti « Patrie » et participante au mouvement « L’Ukraine sans Koutchma ». V. Iouchtchenko devient le principal opposant  au lieutenant et ancien Premier ministre de L. Koutchma, Viktor Ianoukovitch. en dénonçant la corruption endémique et en affichant une position pro-UE. La campagne est houleuse et de nombreuses ONG dénoncent une partialité des médias durant la campagne. Alors, Petro Porochenko, soutien de V. Iouchtchenko, participe à la campagne de BVYNU, en rachetant la chaîne de télévision Channel 5. En septembre 2004, V. Iouchtchenko échappe à une tentative d’empoissonnement qui lui laisse des cicatrices.

Fichier : Баррикада в Киеве. La révolution iranienne. 26.11.2004.jpg
Rassemblement dans une rue de Kiev le 26 novembre 2004

Le 21 novembre 2004, V. Ianoukovitch est déclaré vainqueur de l’élection, entraînant des accusations de fraude tandis que l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) rapporte des irrégularités. Channel 5 dénonce le résultat du scrutin. Le lendemain, des rassemblements s’organisent à Kiev, à Maïdan, devant le parlement ukrainien, la Verkhovna Rada, et dans les plus grandes villes du pays. Le 27 novembre, la Rada déclare l’élection invalide suivie de la Cour suprême le 3 décembre. Alors, un nouveau second tour a lieu le 26 décembre donnant lieu à la victoire de V.Iouchtchenko. Finalement, il entre en fonction le 20 janvier tandis que L. Koutchma s’enfuit à Moscou. Les États-Unis sont accusés par Moscou d’avoir activement participé à la révolution Orange. 

Une révolution de couleur ratée ?

L’Ukraine entre dans une période d’instabilité gouvernementale. La Première ministre, I. Tymochenko, est remerciée en septembre 2005 entraînant une rupture au sein du BVYNU. Le président ukrainien appelle V. Ianoukovitch à la tête du gouvernement après la victoire de son parti aux élections législatives anticipées. En décembre 2007, I. Tymochenko signe son retour en tant que Première ministre. V. Iouchtchenko procède tout de même à des réformes constitutionnelles en 2006 afin de donner plus de pouvoir au Parlement. Il affiche une politique étrangère pro-UE à travers la nomination de Boris Tarassiouk en tant que ministre des Affaires étrangères.

D’un point de vue économique, l’Ukraine obtient le statut de pays à économie de marché et rejoint l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2008. Ses réformes économiques s’illustrent par la reprivatisation pour 5 milliards de dollars de la première aciérie d’Ukraine, Krivorijstal. Cependant, V. Iouchtchenko devient rapidement impopulaire. En effet, il termine cinquième de l’élection présidentielle de 2010 avec 5,45 % des voix. C’est son adversaire de 2004, V. Ianoukovitch, qui remporte le scrutin face à I. Tymochenko. L’opposition dénonce des fraudes mais l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) juge l’élection transparente. En conséquence, un rapprochement avec Moscou s’opère tandis que les pouvoirs du président se renforcent à travers une réforme constitutionnelle.

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Mathis Puyo

Etudiant en études européennes à Sciences Po Strasbourg et titulaire d'une licence en économie gestion. Il s'intéresse particulièrement aux enjeux géopolitiques et économiques de l'industrie de la Défense en Europe.

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