Le poujadisme
Le poujadisme est un mouvement politique apparu en 1953 dans le Lot sous l’impulsion de Pierre Poujade, papetier menant une révolte des commerçants et des artisans contre les agents du fisc.
Ce mouvement prend rapidement de l’ampleur et en deux ans il s’étend à toute la France. Obtenant plus de 2.5 millions de voix (12% des suffrages) et 52 députés aux élections de janvier 1956, le poujadisme se transforme en Union et fraternité française (UFF). Le mouvement se base sur l’opposition aux partis majoritaires qu’il accuse de « politique politicienne ». Dans le même temps, il se pose en défenseur des petits commerçants face aux contrôles gouvernementaux, au Traité de Rome et aux nouvelles grandes surfaces.
Plus globalement, l’idéologie du poujadisme est une expression d’un mécontentement des « petits » contre les « gros » qu’ils soient économiques, politiques ou intellectuels. En effet, le poujadisme critique les partis politiques sans pour autant contester vigoureusement le système parlementaire ou la République (« sortez les sortants » fut le slogan de 1956). De même il critique les intellectuels au profit du supposé « bon sens » des « petites gens ». Le mouvement, contemporain du début de la révolution silencieuse » des campagnes (selon l’expression du sociologue Henri Mendras), a permis de mettre l’accent sur les classes moyennes oubliées de la croissance. Néanmoins, le poujadisme se désagrège avec l’avènement de la Cinquième République en 1958 au moment des législatives où tous les députés élus en 1956 sont battus sauf deux dont Jean-Marie Le Pen qui s’était écarté du mouvement.
Le poujadisme est considéré comme une manifestation classique du populisme et de la démagogie dans son opposition à des parlementaires dénoncés comme étant « corrompus », aux élites et aux grandes entreprises et dans sa prétention à connaître la vie des « vrais » gens. Le terme est aujourd’hui repris pour désigner toute manifestation politique populiste même si elle n’a pas forcément de lien avec les revendications de Pierre Poujade. Ses discours sont fréquemment repris par les partis extrêmes de droite et de gauche. Jean-Marie Le Pen a notamment repris une bonne partie du discours poujadiste dans l’idéologie du Front National. Les difficultés économiques et les crises actuelles ont tendance à faire ressurgir ce discours dans les deux bords de l’arc politique avec une critique de l’Europe, de la finance et des banques, et des partis majoritaires.