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2 novembre 1917 : Déclaration Balfour

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Le 2 novembre 1917, le ministre des Affaires étrangères britannique, Lord Arthur James Balfour, apposa sa signature au bas d’une lettre considérée comme un des documents diplomatiques les plus importants du XXème siècle. Dans ce texte, rendu public par la presse le 9 novembre 1917, le Royaume-Uni affirme être en faveur de la création d’un « foyer national pour le peuple juif ». Un siècle plus tard, beaucoup considèrent cet engagement comme le début symbolique du conflit israélo-palestinien.

Pourquoi ce texte est-il considéré comme un document aussi marquant ?

Déclaration de Balfour, signée par le ministre des Affaires étrangères britannique de l’époque. (Cliquez pour voir en plus grand)

Cette lettre, baptisée « Déclaration Balfour » en référence à son signataire, était adressée au président de la Fédération sioniste de Grande-Bretagne, Lord Rothschild. C’est la première fois qu’un pouvoir majeur supporte publiquement le Sionisme. On peut noter que Lord Balfour a décidé de parler seulement d’un « foyer national », et non d’un « État », mais obtenir un État israélien était le but ultime du mouvement sioniste. Grâce à ce texte, ils pouvaient affirmer être soutenus par une puissance. De plus, le 14 février 1918, la France a déclaré s’associer à la ligne britannique. Néanmoins, la France souhaitait la création d’une zone internationalisée (zone brune) en Palestine, comme prévu par les accords de Sykes-Picot (1916), et non pas un mandat britannique de la région.

La Société des Nations – créée le 10 janvier 1920 – reconnaît rapidement l’engagement pris dans la Déclaration Balfour. Suite au traité de Sèvres (1920), et à la conférence de San Remo, le 24 juillet 1922, le Conseil de la Société des Nations approuve le projet de mandat britannique de la Palestine. Il entra en vigueur le 29 septembre 1923. Un des buts de ce mandat était de créer un foyer national juif, comme l’avait promis le Royaume-Uni dans la Déclaration de Balfour.

Comment expliquer cet engagement, qui a été longuement réfléchi par le gouvernement britannique ?

De nombreuses justifications peuvent être trouvées à ce choix. La principale est économique. En 1917, le Royaume-Uni était encore engagée dans la Première Guerre mondiale, qui s’avérait très coûteuse. Grâce à cet engagement, le gouvernement espérait obtenir le soutien des juifs des États-Unis et du Royaume-Uni, et donc récupérer des fonds essentiels. On peut aussi noter que – avant et pendant la rédaction – Lord Balfour avait rencontré à plusieurs reprises le chimiste Chaim Weizmann, alors vice-président de la Fédération sioniste de Grande-Bretagne. C. Weizmann avait mis au point un procédé de synthèse de l’acétone, nécessaire à la fabrication d’explosifs. Son procédé assure 10% des besoins britanniques à partir de 1915. Ceci a probablement pesé lors des discussions au sujet de la future déclaration.

Il est possible de souligner des contradictions dans la position britannique. Tout d’abord, la déclaration précise que « rien ne sera fait qui puisse porter atteinte ni aux droits civils et religieux des collectivités non-juives existant en Palestine, ni au statut politique dont les juifs jouissent dans tout autre pays ». Comment réussir à créer un foyer sur un territoire précis – et a fortiori un État – en respectant les droits des populations occupant déjà ce territoire ? Une réponse à cette question n’a toujours pas été trouvée.

Aujourd’hui encore, ce texte a des conséquences sur les relations entre le Royaume-Uni et le Proche-Orient. Lors d’un discours à l’Assemblée générale des Nations unies en septembre 2016, Mahmoud Abbas – président de l’Autorité palestinienne – avait demandé que des excuses publiques soient faites pour la Déclaration Balfour. Sa demande n’a pas été satisfaite, et la commémoration du centenaire de la déclaration est toujours prévue. La Première ministre britannique Theresa May y a même convié Benyamin Netanyahou.

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