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Accord sur le nucléaire iranien: un bilan à mi-parcours

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Le 24 novembre 2013, un accord presque historique était trouvé entre l’Iran et le groupe des 5 + 1 (Allemagne, Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie)  à propos du brûlant sujet nucléaire. Entré en application fin janvier, pour une durée de six mois, l’accord (intérimaire) prévoit notamment l’arrêt de l’enrichissement d’uranium à 20%, et la promesse iranienne de ne pas lancer la construction de nouvelles centrifugeuses. Le 20 juillet prochain, cet accord arrivera néanmoins à échéance. Où en sont donc les négociations aujourd’hui ?

Mettant fin à près de trente ans d’immobilisme, l’accord intérimaire du 24 novembre 2013 avait été acclamé par la communauté internationale, dès son annonce. La France en particulier, s’était félicitée de cette « victoire diplomatique » et avait voté le 20 janvier (jour de l’entrée en vigueur de l’accord), une première levée de sanctions, concernant notamment la pétrochimie, le secteur des métaux ou encore quelques transactions financières en Iran. Les Etats-Unis, bien que plus prudents, n’avaient cependant pas relancé de nouvelles sanctions à l’égard de la république iranienne. De son côté, l’Union Européenne a procédé au dégel progressif de 4,2 milliards de dollars d’avoirs financiers (3 milliards de dollars avaient été débloqués à la mi-mai).

Où en est-on aujourd’hui ?

L’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), annonce dans un rapport du 21 février que l’Iran a tenu jusqu’ici ses principaux engagements : l’enrichissement de l’uranium au-delà de 5% a été suspendu, et aucune nouvelle centrifugeuse n’a été installée sur les deux sites de Natanz et Fordo.  L’AIEA se félicite d’un accord qui lui permet d’avoir un droit de regard beaucoup plus important qu’auparavant sur les activités iraniennes.

Dès le mois de février, les négociations ont cependant repris à Vienne entre le groupe des 5+1 et l’Iran, afin de discuter la mise en place d’un accord cette fois définitif, à mettre en application dès l’expiration de l’actuel traité. La durée de celui-ci pourrait durer de cinq à vingt ans.

Pour l’heure, les négociations restent très lentes. L’Iran, qui considère avoir fait déjà beaucoup d’efforts en renonçant au lancement de nouveaux projets, voit d’un mauvais œil la volonté de la communauté internationale, de réfléchir à la fermeture progressive des centres d’enrichissement iraniens, notamment le réacteur à eau lourde d’Arak. Surtout, les négociations achoppent à propos du programme iranien en matière de missiles balistiques : le pays estime ce programme tout à fait légitime et les plus conservateurs raillent les velléités occidentales de mettre un terme à celui-ci (le Guide Suprême a qualifié de « stupides et idiotes » les espérances américaines dans ce domaine).

Pourtant, la nécessité de trouver un accord durable devient urgente. Le 20 juillet prochain, l’accord de Genève sera rendu caduc, et sans renouvellement de celui-ci, ou proposition d’un nouveau traité, la communauté internationale repartira de zéro. Mais les occidentaux, Etats-Unis en tête, doivent désormais compter sur la multiplication de facteurs polémogènes : la brèche ouverte par l’accord intérimaire du 24 novembre dernier a séduit les investisseurs étrangers, notamment la Russie avec qui l’Iran a déjà finalisé un accord de près de 2 milliards de dollars, pétrole iranien contre marchandises russes.

Enfin, la persistance en Iran d’une société à trois niveaux (entre réformateurs issus du « mouvement vert » de 2009, conservateurs modérés soutenant M. Roahni et conservateurs affirmés alignés derrière le Guide Suprême qui harangue à nouveau les foules de discours « occidentophobes ») bloque l’avancement des négociations. Tiraillé entre les velléités du Guide Suprême, et la force dissuasive occidentale, le président Rohani sortira-t-il vainqueur de ce difficile exercice ?

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