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Les Frères musulmans s’invitent dans la présidentielle égyptienne

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L’élection présidentielle aura lieu en mai prochain en Egypte. A une semaine de la fin des inscriptions, Les Frères musulmans, confrérie islamiste, ont annoncé qu’il présenterait un candidat, le député Khairat al-Chater, malgré leur promesse antérieure de ne pas participer à l’élection.

Le Parti liberté et justice (PLJ), aile politique de la confrérie, avait obtenu en janvier dernier plus de 40% des sièges de députés au Parlement. Comme témoignage de leur implication dans cette instance, les Frères musulmans avaient clairement laissé entendre qu’ils ne se présenteraient pas aux élections présidentielles égyptiennes.

Cette décision va conforter la contestation politique envers la confrérie dont l’appétence pour le pouvoir est mal perçue par tous les partis politiques, hormis le parti salafiste Al-Nour. En effet, depuis quelques temps, des tensions se sont fait ressentir entre les Frères musulmans et les dirigeants assurant le gouvernement de transition post Moubarak représenté par le CSFA ou Conseil suprême des forces armées. Le refus du CSFA de retirer du pouvoir le gouvernement actuel de Kamal el-Ganzouri, a entrainé la confrérie à réagir dans un récent communiqué appuyant cette rupture consommée déclarant qu’il existent : «des menaces qui pèsent contre la révolution et la démocratie».

Le mouvement islamiste, après avoir conquis une grande partie de l’Assemblée ainsi que la commission qui rédigera la prochaine Constitution, va donc tenter d’accéder au dernier échelon du pouvoir lors des élections dont le premier tour est prévu les 23 et 24 mai.

Ce sera donc Khairat al-Chater, choisi en interne, qui briguera la fonction présidentielle en mai prochain. Ce multimillionnaire, la soixantaine passée, était jusqu’alors adjoint au guide suprême, numéro deux de la confrérie, mais déjà présenté comme l’homme fort.

Il est le favori annoncé et, en tant qu’islamiste «modéré et moderniste », il détient l’atout non négligeable d’entretenir des relations cordiales avec certains chefs salafistes, qui promeuvent un islam rigoriste et antioccidental, qui pourraient lui accorder leur soutien ou en tout cas ne pas contester sa légitimité à présider.

D’un autre côté, son côté homme de l’ombre, fuyant les médias et condamné à sept ans de prison en 2007 sous Hosni Moubarak, libéré à la chute de ce dernier, pourraient pencher dans la balance en sa défaveur.

Un autre défi à relever est de réussir à conquérir de nouveaux électeurs pas nécessairement acquis à sa cause. Son charisme et son potentiel intellectuel en font quelqu’un plus perçu comme élitiste que populaire ce qui est en contradiction avec l’électorat islamiste habituel, provenant plutôt des classes moyennes et populaires.

Si les Frères musulmans réussissent leur pari, ils auront donc accompli leur ambition d’acquérir une mainmise politique sur le pays. L’hypothèse, probable, d’une victoire démontrerait une fois de plus que le printemps arabe aura été autant une défaite pour les régimes dictatoriaux qu’une victoire pour l’islamisme. Reste à savoir si, à l’instar de la Turquie, l’islamisme peut rimer avec démocratie dans les Etats du Mahgreb.

 

 

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