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L’économie mexicaine des années 1980 : d’une crise à l’autre

En 1982, le Mexique connait une crise de la dette majeure, l’obligeant à prendre des mesures de rigueur importantes. L’inflation est contenue au moyen d’un contrôle vif des finances publiques, mais privée de dynamisme, la croissance mexicaine stagne : on a alors parlé de « décennie perdue ».

Les causes de la crise mexicaine : dette extérieure, fuite des capitaux, inflation et dévaluation
Les causes de la crise mexicaine : dette extérieure, fuite des capitaux, inflation et dévaluation

La situation que connaît le Mexique dans les années 1980 est semblable dans de nombreux autres pays d’Amérique latine. Entre 1981 et 1989, on estime que les salaires réels chutent de 40% au Mexique. L’Etat, lui-aussi, est au régime sec et suspend de nombreux projets d’investissements. Malgré ces mesures d’austérité, le Mexique eut du mal à faire face au remboursement de sa dette, d’autant que le plan Baker s’avérait être un échec. Le Mexique connut enfin un nouveau krach en 1987, provoquant une nouvelle fuite des capitaux et à l’origine d’une dévaluation du peso afin de maintenir la compétitivité des industries mexicaines et soutenir les exportations. Le déficit budgétaire dépasse en 1987 les 15% et l’inflation plus de 150%.

Grâce au plan Brady, en 1988, le Mexique voit s’assouplir le poids de sa dette. Afin de stabiliser les indices macroéconomiques, le gouvernement fit un pacte avec les différents syndicats, le « Pacto ». Cela eu notamment pour effet de réduire fortement l’inflation. Avec l’aide de la Banque mondiale et du FMI, le Mexique mit également en place en 1988 des réformes structurelles, en accord avec le fameux « consensus de Washington ». Les privatisations se multiplièrent, et une nouvelle législation fut adoptée en 1991 pour favoriser les investissements directs, à l’origine du développement massif des maquiladoras. Le secteur bancaire, qui avait été nationalisé par Lopez Portillo en 1982, fut particulièrement touché, avec une vingtaine de privatisations au début des années 1990. Ce secteur fut également l’objet d’une forte dérégulation et d’une concentration progressive. La libéralisation de l’économie mexicaine se fit également peu à peu, le Mexique rejoignant le GATT et l’OMC en 1986 puis l’ALENA en 1994.

Un mirage économique de courte durée

Ces efforts conjugués permirent au Mexique de retrouver le chemin de la croissance, même si une dualité forte apparut entre une élite moderne reliée aux Etats-Unis et la population agraire. Le Mexique connut également une certaine confiance, à l’origine d’une hausse de la consommation et des investissements. Malheureusement, cette situation fut largement financée par les facilités de crédit sans limite des banques mexicaines (notamment du fait de la dérégulation du secteur bancaire), une baisse sensible de l’épargne individuelle (fragilisant les banques mexicaines) et l’afflux majeur de capitaux extérieurs suite à la baisse des taux d’intérêts américains au début des années 1990. Certains doutes concernant l’amélioration des comptes publics ou l’inflation furent également mis. Il ne fallut pas longtemps pour que le Mexique retombe dans une nouvelle crise économique.

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