Tiers-Monde et émergents

Les conditions de la décolonisation

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Les empires coloniaux constituent un atout considérable au cours des deux Guerres Mondiales et lors de la crise des années 1930 pour les métropoles. En effet, ils offrent des ressources économiques importantes en termes de matières premières et de produits agricoles, et constituent également un débouché économique non négligeable. Ils fournissent également de la main d’œuvre durant la guerre : ainsi, suite aux promesses faites durant la Première Guerre mondiale, les peuples indigènes réclament des réformes aux peuples colonisateurs.

Hô Chi Minh, héros de la décolonisation en Indochine
Hô Chi Minh, héros de la décolonisation en Indochine

Les promesses, quant à elles, ne seront que peu tenues, générant des mouvements nationalistes, qui réclament d’abord l’autonomie puis l’indépendance. Mais à toutes ces revendications, les Européens répondent par la répression. Si les colonies se montrent une fois de plus solidaires envers les métropoles durant la Seconde Guerre mondiale, cette trêve n’est que de courte durée. Une fois la guerre terminée, la contestation de la colonisation reprend fortement, d’autant que les troupes coloniales ont joué un grand rôle dans la Seconde Guerre Mondiale : par exemple, une partie des colonies françaises d’Afrique Noire s’est ralliée à la France libre de De Gaulle en 1940.

Ainsi, les revendications se firent de plus en plus pressantes au lendemain de la guerre. En effet, les dirigeants des mouvements nationalistes se recrutent parmi les élites indigènes, c’est-à-dire ceux qui ont été instruits par la métropole. Formés dans les universités ou par des syndicats ou encore des partis politiques de la métropole, ceux-ci n’ont aucun mal à utiliser les valeurs au nom desquelles la guerre contre l’Axe a été menée : liberté, égalité, droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, etc. C’est notamment le cas de Hô Chi Minh, Vietnamien formé par les syndicats français et qui crée en 1930 le Parti Communiste Indochinois. En Inde, citons Gandhi et Nehru qui ont fait leurs études de droit dans les universités anglaises. Nehru sera le premier ministre de l’Inde indépendante, en 1947. Ainsi, au nom de ces valeurs humanistes, les Indigènes réclament à nouveau leur indépendance.

De son côté, l’ONU affirme dès 1946 le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Il faut préciser que les deux Grands sont l’un et l’autre hostiles à la colonisation. Les Etats-Unis, en surproduction, n’approuvent pas le principe de la colonisation car les colonies représentent des barrières douanières à l’exportation des produits américains. L’URSS, à partir de 1947 se présente comme le leader du camp démocratique et anti-impérialiste (cf. rapport Jdanov). Pour les Soviétiques, le statut des colonisés est celui d’exploité au sens propre du mot. C’est par l’intermédiaire du Kominform (crée en 1919) que l’URSS soutiendra économiquement les mouvements d’indépendance.

Enfin, rappelons que les puissances colonisatrices européennes (France et Royaume-Uni principalement) sont très affaiblies après la Seconde Guerre mondiale, économiquement et militairement. Elles ont perdu leur statut de puissances dominantes au profit de l’URSS et des Etats-Unis, et leur prestige s’est largement dégradé. La défaite éclair de la France, notamment, a eu un effet psychologique non négligeable auprès des populations indigènes.

Pour toutes ces raisons, le terrain était largement favorable à la décolonisation au lendemain de la guerre. Mais celle-ci ne s’est pas fait sans heurts…

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