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Les attentats de Paris et leurs impacts sur la Syrie

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Après les attentats contre l’avion russe dans le Sinaï et à Paris, beaucoup pensent que l’Etat Islamique a fourni la raison idéale aux Russes, Américains et Français d’enfin coordonner leurs attaques en Syrie et en Irak. Pourtant, même cette coordination pourrait ne pas suffire.

Les bombardements  sur les actifs de l'Etat islamique, seule réponse que peut apporter l'alliance russo-occidentale au terrorisme ?
Les bombardements sur les actifs de l’Etat islamique, seule réponse que peut apporter l’alliance russo-occidentale au terrorisme ?

Alors que les Etats-Unis traînaient les pieds, la France était réticente à véritablement intervenir contre l’Etat Islamique, laissant la Russie bombarder les ennemis d’Al-Assad, « modérés » compris, sans discernement. Mais cela c’était avant. Avant que l’Etat islamique ne montre sa capacité à agir hors de ses bases, à la fois via une bombe dans un Metrojet russe ou au cœur d’une ville-monde. Depuis dix jours, jamais l’Etat islamique n’avait eu à subir un tel tapis de bombes, montrant là que pour l’Occident et les Russes, il faut répondre à l’EI par la force, et seulement par la force.

Passons sur l‘impact dramatique d’une rhétorique guerrière en phase post-attentats : certes, cela semble aller dans le sens d’une majorité d’Occidentaux, mais cela occulte trop que la menace est et restera interne. Sur le terrain irako-syrien, de telles frappes vont bien évidemment affaiblir l’EI, mais il est bien trop naïf de croire que cette guerre (car c’en est une, pas seulement dans les discours) sera gagnée par les airs. Elle ne se gagnera pas non plus en envoyant nos armées de terrain, car il faut espérer que cette grande coalition russo-occidentale aura assimilé les erreurs faites en Irak en 2003 et en Libye en 2011.

La forme la plus développée d’organisation terroriste doit faire évoluer l’idéologie vengeresse de l’alliance russo-occidentale

Elle se gagnera en comprenant que l’EI est la forme de terrorisme la plus développée à ce jour. A ceux qui pensaient qu’elle ne serait qu’un ersatz d’Al-Qaïda, ils se trompent. Le terrorisme peut frapper partout et à tout moment. Jamais une organisation terroriste n’a été capable d’aussi vite gérer un tel territoire étendu, générer des revenus, attirer des musulmans captivés et des non-musulmans désœuvrés, bref d’agir comme un véritable gouvernement. L’EI incorpore tous les déçus du baathisme, les apeurés d’un chiisme venu d’Iran, les antioccidentaux les plus haineux.

Or, en ne pensant qu’à couper les réseaux économiques de l’EI, en bombardant des cibles via des drones qui font aussi des victimes civiles, l’alliance russo-occidentale fait exactement ce qu’attend l’EI : initier une guerre ingagnable sauf à raser purement et simplement la région. Mais comme elle ne le fera pas, il faut tenter de prendre l’EI à son propre jeu et montrer en quoi l’alternative que l’organisation représente est pire encore que ce qu’elle combat, et ce auprès des millions d’habitants désormais complètement apeurés par le contexte actuel.

Le problème est que la Russie et l’Occident n’ont, pour le moment, rien à offrir comme alternative réaliste et attractive. Promouvoir une pacification de la Syrie, avec ou sans Al-Assad, est bien trop faible, surtout lorsque les moyens pour l’obtenir sont tout l’inverse du pacifisme. La vraie alternative sera locale, régionale, avec les Kurdes, avec ces communautés vivant en autarcie en pleine zone rebelle mais qui combattent déjà l’EI, en plus de tenter de retourner ceux qui tombent irrémédiablement dans l’escarcelle de l’EI. Cela semble tristement hypothétique, renforçant la rhétorique de l’EI, et très probablement ses actions à venir en Occident et contre la Russie.

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