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Osaka 2019 : un sommet du G20 ou du G2 ?

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Les 28 et 29 juin s’est déroulé à Osaka le sommet du G20, réunissant les vingt pays les plus développés. Dans un contexte de tensions sino-américaines, il était à craindre que le rendez-vous se déroule dans une atmosphère de conflit. C’est pourquoi le statu quo résultant du sommet est paradoxalement une réussite.

La fin de la Chine-Amérique ou l’ère de l’affrontement sino-américain

Comme au précédent sommet, à Buenos Aires en décembre dernier, les Etats-Unis et la Chine ont annoncé une trêve des sanctions et un renouveau des négociations. Donald Trump autorisera les entreprises américaines à commercer à nouveau avec Huawei et n’imposera pas les droits de douane annoncés sur des produits chinois d’une valeur de 300 milliards de dollars. Il a par ailleurs déclaré qu’il souhaitait la venue aux Etats-Unis de plus d’étudiants chinois. La décision américaine semble se fonder sur la crainte d’une réaction européenne et asiatique. En outre, le début de la campagne américaine a certainement joué un rôle. De fait, les précédentes sanctions à l’encontre de la Chine avaient lésé plusieurs entreprises américaines. En réponse, l’Empire du milieu a accepté de n’acheter qu’une quantité limitée de produits américains, afin de ne pas creuser le déficit commercial.

On assiste donc à une inflexion dans la rivalité sino-américaine. Le président Donald Trump est allé jusqu’à déclarer que les Etats-Unis et la Chine devaient devenir des « partenaires stratégiques ». Ceci contredit de nombreux documents du gouvernement américain les qualifiant de « compétiteurs stratégiques ». Il demeure cependant une forte tension qui participe d’une bipolarisation de la mondialisation.

Des enjeux climatiques qui divisent

Les Etats-Unis sont les seuls du G20 à ne pas être signataires des accords de Paris sur le climat. Le président Donald Trump avait, de fait, consacré la sortie de l’accord le 1er juin 2017. Afin de lutter contre cette singularité, Donald Trump a tenté de rallier à sa cause d’autres pays, notamment la Turquie et le Brésil. L’opposition du Canada et de l’Union Européenne a favorisé son échec. En particulier, Emmanuel Macron a décrété que le non-respect de l’environnement et des accords de Paris serait à présent considéré comme le dépassement d’une « ligne rouge ». Theresa May a aussi proclamé l’importance d’un tel respect. Elle a en particulier soutenu l’idée que cette requête venait aussi des citoyens eux-mêmes : les précédentes élections européennes l’illustrent. Dans cette opposition, la Chine a soutenu “l’urgence” de la crise environnementale.

Un multilatéralisme sclérosé ?

Le G20 sert de terrain de développement des relations bilatérales.
La rencontre entre V. Poutine et T. May, en parallèle du G20, fut particulièrement tendue.

Le G20, créé pour défendre le commerce et le multilatéralisme, sert à présent surtout à l’élaboration des nouvelles stratégies commerciales. Or, celles-ci divisent. En témoignent, la déclaration de Trump selon laquelle les Etats-Unis, le Japon et l’Inde préparaient de « très grosses affaires » – excluant par-là les autres pays. C’est pourquoi Donald Tusk, président du Conseil européen a déclaré que « la scène internationale ne pouvait pas devenir une arène où les égoïstes domineraient dans certains régimes et les émotions nationalistes domineraient l’économie », précisant que chaque pays n’est pas seulement responsable de ses intérêts personnels mais aussi d’un ordre mondial juste et sécurisé.

Au demeurant, il faut souligner que ce n’est pas parce que le G20 regroupe vingt pays qu’il représente vingt pays. De fait, on l’a vu, l’enjeu s’est essentiellement joué entre la Chine et les Etats-Unis. La difficulté des pays tiers à plaider pour leur cause en était patente. La rivalité sino-américaine s’exerce comme un rouleau compresseur sur l’expression des autres membres.

En définitive, ce ne sont plus les sessions plénières qui prévalent. Aussi, les discussions à cercles restreints, surtout bilatérales, sont préférées. Ainsi en est-il en particulier des discussions entre Donald Trump et Xi Jinping, entre Theresa May et Vladimir Poutine ou encore entre Emmanuel Macron et Jair Bolsonaro – pour n’en citer que quelques-unes. Cette division fragilise même les accords apparemment multilatéraux. Par exemple, le Japon n’est pas sorti de l’accord sur le climat et a soutenu la déclaration rappelant son caractère irréversible. Cependant, il n’en est pas un acteur investi. En effet, les discussions en cours pour un partenariat commercial avec les Etats-Unis le poussent à la retenue. Partant, le multi-bilatéralisme érode le multilatéralisme.

Sources

https://www.scmp.com/news/china/diplomacy/article/3016644/china-hasnt-won-it-hasnt-lost-either-trade-talks-us-enter-new

https://www.japantimes.co.jp/news/2019/06/30/national/g20-world-leaders-agree-issues-significant-gaps-remain-following-osaka-summit/#.XRilEZMzat8

https://www.theguardian.com/politics/2019/jun/29/g20-theresa-may-urges-countries-to-raise-climate-ambitions

https://www.lemonde.fr/climat/article/2019/06/26/emmanuel-macron-fixe-une-ligne-rouge-sur-le-climat-avant-le-g20-d-osaka_5481887_1652612.html

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Noémie GELIS

est étudiante à HEC après une classe préparatoire à Pierre de Fermat.

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