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La Loi de programmation militaire 2019-2025

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La Loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025 promulguée par Emmanuel Macron le 13 juillet prévoit une hausse des crédits de défense de 295 milliards d’euros. S’inscrivant dans un contexte international d’augmentation généralisée des budgets de la défense, son premier objectif affiché est l’amélioration des conditions d’exercice des soldats. Cependant, cette loi vise également à promouvoir l’autonomie stratégique nationale.

Augmentation généralisée du budget de la défense au niveau mondial

La Loi de programmation militaire 2019-2025
Un soldat français de l’opération Barkhane

Suite à la promulgation de la dernière LPM, le budget de la défense française devrait atteindre 2% du PIB d’ici sept ans. L’augmentation prévue est d’1,7 milliards d’euros par an jusqu’en 2022, la hausse se fera ensuite par paliers de 3 milliards par an à partir de 2023. Les attentats qui ont touché la France en 2015, la multiplication des opérations extérieures et l’augmentation des cybermenaces justifient en partie cette hausse, alors que le budget de la défense française avait diminué à la fin de la guerre froide pour ensuite stagner de manière durable [1].

Cette inflexion s’inscrit dans un contexte international d’augmentation des budgets alloués à la défense, notamment en Chine (+423% entre 2000 et 2016), en Russie (+239%) ou encore aux Etats-Unis (+43%) [2]. Dans de moindres proportions, certains pays européens suivent cette pente ascendante, à l’image du Royaume-Uni (+11%). Face à des puissances mieux équipées dans un contexte instable et incertain, la défense française devait se donner les moyens de remplir ses missions à venir dans les meilleures conditions.

Amélioration et modernisation des conditions d’exercice des soldats

La LPM 2019-2025 démontre la volonté du Président d’améliorer les conditions d’exercice des soldats français, un an après le conflit qui l’avait opposé à son chef d’état-major, Pierre de Villiers. La première étape aura pour but de renouveler le matériel de l’armée de l’Air, de la Marine et de l’armée de Terre, notamment les véhicules blindés et tous les éléments nécessaires à la protection du soldat. Concernant le domaine aérien, les ravitailleurs A330 MRTT et les avions de transport A400M viendront respectivement remplacer les KC-135 et les Transall C-160, tous deux acquis dans les années soixante. Quant à la Marine, elle recevra notamment onze nouveaux patrouilleurs.

Les petits équipements (moyens de communication, habillements, munitions) sont également concernés par cette régénérescence. Le matériel et les équipements nécessaires aux opérations se verront ainsi augmentés en nombre et modernisés. Il s’agit de répondre aux exigences d’une armée dont le contexte d’intervention a évolué : après soixante-dix ans de paix relative, les forces françaises sont désormais actives sur de nombreux terrains d’opération [3].

Promotion de l’autonomie stratégique nationale

L’autonomie stratégique française reste le fer de lance de la LPM 2019-2025. Afin de garantir une telle autonomie, le renouvellement des moyens de la dissuasion nucléaire est primordial. Cette dernière, qui constitue la clé de voute de la défense française, se verra allouer plus de deux milliards supplémentaires d’ici 2025. L’anticipation de la menace est également essentielle. C’est pourquoi 4,6 Milliards d’euros seront investis dans le renseignement, et 1,6 Milliards afin de soutenir l’innovation. De même, 1500 et 1000 postes seront respectivement créés dans ces domaines.

Cependant, si la France souhaite un modèle d’armée complet, il sera nécessaire de mettre en place une collaboration plus étroite avec ses partenaires européens en matière industrielle, ainsi que sur les théâtres d’opération. La mise en œuvre du Fonds européen de la défense, le développement du projet de drone MALE, du programme de démineurs SLAMF – en collaboration avec le Royaume-Uni, ou encore les réflexions communes avec l’Allemagne concernant le remplacement du char Leclerc, sont autant d’exemples que la France s’est déjà engagée dans ce processus collaboratif européen.

La loi de programmation militaire 2019-2025 marque ainsi une rupture avec les tendances précédentes pour l’effort de défense. Cependant, le modèle d’armée complet et moderne que souhaite développer le Président de la République nécessitera plus qu’une augmentation des crédits de la défense française. L’autonomie stratégique nationale ne pourra véritablement être atteindre qu’en collaboration avec nos partenaires européens. Cette dernière permettra de contribuer à la construction de l’Europe de la défense, au sein de laquelle la défense française se révélera plus forte.

[1]. SIPRI 2018, Military expenditure by country, as percentage of gross domestic product, 1988-2017
[2]. SIPRI 2016, Military expenditure by country, in constant US $, 2000-2016
[3]. Défense.gouv.fr, carte des opérations et missions militaires

 

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