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La plan Pinay-Rueff, coeur de la politique économique de De Gaulle

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Le plan Pinay-Rueff, une innovation économique

En mai 1958, le général de Gaulle est rappelé par les français pour gouverner la destinée de la France. Pourtant, il est loin de se douter de la situation inquiétante de l’économie française. Et pour cause ! La France baignait dans l’océan d’enrichissement que furent les Trente Glorieuses avec un taux de croissance moyen au cours des années 1950 de 4,6%.

En réalité, la guerre d’Algérie mine les finances du pays : elle raréfie la main d’œuvre disponible stimulant ainsi les revendications salariales ; l’Etat, grand client des entreprises, économise ses commandes et n’est même plus capable de subvenir aux besoins de l’armée en hélicoptères engendrant des multiples commandes à l’étranger. La hausse des cours du pétrole à la suite de la crise de Suez de 1956 achève de déséquilibrer les comptes extérieurs. La gauche, revenue au pouvoir en 1956, relance la politique sociale participant ainsi au creusement conjoncturel du déficit budgétaire (baisse des recettes, hausse des dépenses). En 1957, les impôts ne couvrent plus les dépenses définitives. L’inflation galope : +15,2% en 1958. A l’extérieur, les gouvernements quémandent l’aide américaine. Emissaire de renom, Jean Monnet épuise les premières tranches des droits de tirage du FMI avant de s’engager à réaliser l’assainissement des finances publiques.

Entouré de partisans de l’économie dirigée ou encadrée, impulsée par l’Etat, De Gaulle choisit de se lancer dans la voie du libéralisme pour accomplir son rêve d’indépendance nationale. Il fait appel à Jacques Rueff, parangon de l’économie libérale, présenté comme un « sorcier » par son directeur de cabinet, un certain Georges Pompidou, ancien de la banque Rothschild. Le chantre de l’étatisme dirigiste fait appel au héraut de l’ère libérale du capitalisme français.  Paradoxe ? Plutôt suivi obstiné du chemin vers la compétitivité française et l’indépendance nationale.

Le ministre de finances, Antoine Pinay, reçoit un rapport de 25 pages présentant quelques réformes essentielles pour redresser l’économie du pays. Mais essentiel ne rime pas avec populaire. Ces réformes, qualifiées par De Gaulle de « dures », n’en demeurent pas moins indispensables : dévaluation de 17,5% du franc, instauration du « franc lourd » (1 nouveau franc = 100 anciens francs) défini par rapport à l’or et non au dollar, 300 milliards de francs d’impôts nouveaux, suppression des indexations des prix et des salaires sauf pour le SMIG. On coupe dans le gras des dépenses sociales jusqu’à mettre en danger le nouveau régime en proposant la suppression des retraites des anciens combattants (un général contre ses soldats ?). La mesure la plus originale est l’ouverture au monde : démantèlement du contrôle de change, baisse de 10% des tarifs douaniers avec les pays de la CEE.

Le plan Rueff avait trois objectifs : stabiliser le budget, consolider la monnaie et préparer l’ouverture commerciale de la France. Ils ont été atteints. La croissance passe à 5,5% de moyenne, les performances de l’économie deviennent supérieures à ses concurrents, l’inflation est jugulée, la balance commerciale devient excédentaire. La France pouvait entrer dans l’ère gaullienne.

 

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