La création de la Communauté des Etats Indépendants (1991)
En 1991, tout va à vau-l’eau en URSS. La réunification allemande, l’année précédente, a entériné les derniers espoirs de survie du modèle soviétique. La glasnost et la perestroïka, lancées quelques années plus tôt dans l’espoir de sauver le régime, ont en réalité ouvert irrémédiablement les vannes de la liberté. Les Républiques formant l’URSS annoncent, tour après tour, leur indépendance, unilatéralement. Le dirigeant soviétique, Mikhail Gorbatchev, n’a d’autre choix que de reconnaître progressivement l’indépendance de ces Républiques, en commençant par les trois Etats baltes.
Cette désagrégation rapide d’un système qui a survécu durant quasiment trois quarts de siècle a pris de court les hautes sphères soviétiques. Alors que, déjà, se trament des luttes intestines de pouvoir en Russie, Gorbatchev n’a d’autre choix que de tout faire pour éviter la disparition d’alliances politiques au sein de ce qui devient, le 25 décembre 1991, l’ex-URSS. C’est dans la poursuite de cet objectif qu’est créée, avec le Traité de Minsk, le 8 décembre 1991, la Communauté des Etats Indépendants, dans le but de succéder à l’URSS. Seuls trois pays la forment initialement : la Russie, l’Ukraine et la Biélorussie. Ce traité est assez réducteur et ne prévoit que quelques coordinations économiques et politiques entre les trois Etats. Cependant, on peut estimer que, rétrospectivement, il a initié la vague de transitions économiques et politiques que chacune des Républiques d’ex-URSS a entrepris durant la décennie 1990.
Le traité d’Alma-Ata (Kazakhstan), signé quelques jours plus tard, stipule que huit autres Républiques rejoignent la CEI. Il assure de plus une certaine continuité dans les partenariats militaires entre les différents pays, notamment sur des sujets comme la possession d’armes nucléaires.
Mais depuis vingt ans, la CEI n’a jamais réussi à recréer ne serait-ce qu’une infime partie de l’union que représentaient les différentes républiques soviétiques. Elle reste très largement marquée par le poids ultra dominant de la Russie, ce que les guerres de Tchétchénie ont notamment montré. Face à cette domination, une scission s’est lentement opérée. Nous avons d’un côté les pays souhaitant une intégration économique et politique plus forte, avec la création notamment de l’Organisation du Traité de Sécurité Collective rapprochant des pays tels que la Russie, le Kazakhstan, la Biélorussie, etc. De l’autre côté, d’autres pays se sont méfiés du retour de la prépondérance russe. Deux cas sont très frappants. Le premier concerne l’Ukraine, fondatrice de la CEI mais qui encore aujourd’hui ne parvient pas à mener de front le rapprochement avec l’UE et les partenariats avec la Russie. L’autre cas est celui de la Géorgie, qui a quitté la CEI en 2006, dans le but de rejoindre plus tard l’OTAN. Elle est aujourd’hui très en difficulté, et en conflit ouvert avec la Russie, comme ce fut le cas en 2008.