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L’Afghanistan va-t-il devoir se débrouiller seul en 2014 ?

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C’est l’ambitieux objectif que s’est aujourd’hui fixé la commission des pays engagés en Afghanistan, réunie à Kaboul. Une soixantaine de ministres étrangers, dont la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton se sont mis d’accord pour laisser la sécurité du pays entièrement aux mains de sa police dans quatre ans et demi.

C’est que les raisons sont nombreuses. Les Etats-Unis ont déjà fixé un projet de retrait progressif des troupes dès juillet 2011. Eux qui contribuent à la majeure partie de l’effort de guerre dans la zone (68000 soldats sur les 150000 de la communauté internationale) veulent éviter de s’enliser et pousser le gouvernement Karzaï à réagir, et ce, afin de soutenir leur politique de contre insurrection. Dans un deuxième temps, les gouvernements européens sont pressés de quitter la zone car l’opinion publique des trois principales nations contributrices en soldats (la Grande Bretagne, l’Allemagne et la France) est opposée à un tel engagement et les élections se profilent pour chacun d’ici 2012 (France), 2013 (Allemagne) voire 2014 pour les Britanniques.

Si le projet est ambitieux et même « réaliste » selon David Cameron, il reste un vœu pieux car inapplicable tel quel. En effet, on ne sait pas (par exemple) si ce transfert se fera province par province ou district par district. Les attaques talibanes ont redoublé et l’année 2010 sera la plus meurtrière depuis le début du conflit en 2001 ce qui augmente d’autant la pression sur les troupes car les soldats afghans n’ont presque jamais combattu seuls les talibans. De plus, le gouvernement doit gérer les « talibans modérés » et leurs 36000 hommes qui doivent négocier leur « régularisation » pourvu qu’ils jettent les armes et respectent la fragile constitution de l’Etat. Toujours dans l’objectif de responsabiliser le gouvernement, Hamid Karzaï se verra octroyer par la communauté internationale davantage de marge de manœuvre, y compris dans le domaine clé de la sécurité, pourvu qu’il rende mieux compte de ses actes et améliore sa gouvernance contestée.

Car c’est sur une base extrêmement bancale que repose ce transfert de compétences. Hamid Karzaï a, en effet, été réélu grâce à des fraudes massives le 20 août 2009 face à son adversaire l’ancien ministre des affaires étrangères : Abdullah Abdullah. Le parlement est truffé de seigneurs de guerre et de trafiquants de drogue et la sécurité du pays repose encore beaucoup sur de fragiles accords passé avec ces seigneurs de guerre locaux qui font ce qu’ils veulent sur leur territoire. On souhaite bien du courage à Mme Clinton qui s’est personnellement engagée à l’issue de cette conférence à ce que le sort des femmes soit amélioré dans le pays et que les femmes soient consultées dans l’élaboration des prochaines lois. En attendant M. Karzaï a obtenu qu’au moins 50% de l’aide étrangère au développement – contre 20% actuellement – lui soit d’ici deux ans directement fournie car la majorité des 40 milliards de dollars depuis 2002 auraient été, selon lui, détournés ou gaspillés en route. Une question de confiance…

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