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Rétrospective 2015 : perturbations économiques et politiques en Amérique latine

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L’année 2015 est loin d’avoir été une année faste pour l’Amérique latine. Il est certes difficile de généraliser quand on parle d’un continent aussi divers que vaste. Pourtant, la majorité des pays du continent a connu des problèmes politiques, mais également économiques – la croissance est globalement en baisse depuis 5 ans pour l’ensemble latino-américain. Il s’agit d’un revirement de fortune pour l’Amérique latine, qui a longtemps été épargnée par les effets internationaux de la crise économique de 2008. Mais ces difficultés sont aussi symptomatiques de la résurgence de problématiques internes.   

Rencontre entre les deux présidents, N. Maduro et D. Rousseff le 2 janvier 2015.
Rencontre entre les deux présidents, Nicolas Maduro (Venezuela) et Dilma Rousseff (Brésil) le 2 janvier 2015.

En Argentine et au Venezuela, les citoyens ont exprimé leur mécontentement, ainsi que leurs inquiétudes, par les urnes, respectivement à l’occasion des élections présidentielles et  des élections législatives.

Cristina Kirchner, ex-Présidente de l’Argentine, avait vu sa popularité chuter en 2014. Cette tendance s’est confirmée dès le début de l’année 2015. La Présidente a de plus enchaîné des faux pas en politique intérieure comme en politique extérieure. Cela a affecté sa légitimité, ainsi que celle des candidats qu’elle soutenait pour les élections présidentielles d’octobre 2015. Les Argentins ont d’ailleurs saisi l’occasion pour sanctionner par les urnes le kirchnérisme, après 12 ans à la tête du pays. Ils ont élu Mauricio Macri, placé au centre droit de l’échiquier politique, ancien maire de Buenos Aires.

Lors des élections législatives du 6 décembre, les Vénézuéliens ont également décidé de voter massivement pour la Table d’unité démocratique (MUD), et non pas pour le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV), parti du Président Nicolas Maduro, qui se retrouve avec seulement 55 députés. Les électeurs ont réprimé le gouvernement, et plus particulièrement le Président, qui a demandé les pouvoirs spéciaux au Parlement en mars. N. Maduro peut donc administrer le pays en prenant des décrets et sans solliciter l’avis des députés. Depuis son élection en 2014, c’est la deuxième fois qu’il a recours à un tel procédé. Ce revirement électoral n’est pas du goût du PSUV, ni de N. Maduro. Ce dernier a annoncé que le pouvoir parlementaire sera donné à un « Parlement communale », organe parallèle supposé représenter l’intérêt général.

Au Brésil c’est toute une partie de la classe politique qui est touchée par différentes affaires de corruption. La Présidente Dilma Rousseff est elle même dans la tourmente ; visée par une procédure d’impeachment depuis début décembre.

En 2015, ce sont des affaires de corruption qui ont animé la vie politique brésilienne. La Présidente D. Rousseff a été accusée d’avoir maquillé les comptes publics en 2013, soit avant sa réélection. Le Président de la Chambre des députés, Eduardo Cunha, a finalement accepté de lancer une demande de destitution la visant début décembre. Il a affirmé agir ainsi à cause de la pression populaire, mais aussi car plusieurs requêtes de la sorte avaient été déjà déposées sur son bureau. Il ne pouvait tout simplement plus les ignorer. Quelques jours plus tard, E. Cunha a lui aussi été rattrapé par une affaire de corruption de grande envergure : l’affaire Petrobas. Selon les informations déjà rendues publiques de nombreux haut-dignitaires seraient impliqués. Face à une classe politique aussi entachée, il y a fort à parier qu’en 2016, les citoyens brésiliens n’auront de cesse de protester. Ils parviendront sans doute à profiter de l’attention médiatique qui sera accordée au pays à l’occasion des Jeux Olympiques d’été.

A toutes ces secousses politiques, il faut ajouter une situation économique préoccupante pour la plupart des pays du continent.

Cela fait déjà plusieurs années que l’Amérique latine connaît des difficultés économiques. 2015 a marqué un ralentissement plus important de l’activité. La récession s’est en effet accentuée du fait du ralentissement chinois. La Chine était en en effet devenu le principal partenaire commercial de plusieurs États. De plus, des pays comme le Venezuela ont pâti de la chute continue du prix du baril de pétrole.

Cartoon de Paresh Nath, publié le 29 novembre 2015. Il représente le nouveau Président argentin Mauricio Macri face à d'importants défis économiques.
Cartoon de Paresh Nath, publié le 29 novembre 2015. Il représente le nouveau Président argentin Mauricio Macri face à d’importants défis économiques.

Cette année l’Amérique latine aura donc été continuellement sous tensions. Les difficultés économiques ont causé la progression des problèmes sociaux, ce qui a entrainé une grogne populaire générale. On ne peut donc que souhaiter une meilleure année 2016 au continent sud-américain. Cependant, remonter la pente sera difficile. Chaque dirigeant se retrouve face à des problématiques toutes aussi plus compliquées les unes que les autres. Le Président argentin a notamment hérité d’un pays plongé dans un véritable marasme économique depuis de longues années. Des réformes structurelles seront donc nécessaires pour renouer avec un certain dynamisme. La Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes vient tout juste d’estimer une croissance de 0,2% pour le continent en 2016. 2015 n’a donc pas été une partie de plaisir, et 2016 sera peut-être à son image.

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