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Élections américaines (2/4) : Les évangéliques ont-ils toujours foi en Trump ?

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Les chrétiens évangéliques représentent le quart de la population américaine. En 2016, selon le Pew Research Center plus de 81% des évangéliques « blancs » ont voté en faveur de Donald Trump, soit prêt de 38 millions d’américains. Pour gagner leur vote, le candidat Trump avait condamné l’avortement et affirmé que son livre préféré était la bible. Il avait promis la nomination de juges conservateurs à la Cour suprême et des décisions fortes en faveur d’Israël. Le respect de la plupart de ses promesses lui permettront-ils de remporter à nouveau le vote évangélique en 2020 ?  

 

Donald Trump bénéficiera-t-il encore du soutien des évangéliques en 2020 ?
Donald Trump et les évangéliques

Qui sont les chrétiens évangéliques ?

L’évangélisme trouve ses origines dans la Réforme protestante et dans les mouvements de renouveau spirituel qui ont suivi. Les évangéliques ont tous en commun l’importance qu’ils accordent à la conversion individuelle, fruit d’une rencontre personnelle avec le Christ. Si la Bible est la référence de la foi évangélique, il existe différents courants théologiques.

Parmi les évangéliques américains beaucoup sont « dispensationalistes ». Selon cette doctrine, le Christ reviendra à la fin des temps après une série d’événements avant-coureurs. Une majorité de ceux qui adhèrent à cette doctrine sont sionistes. Ils s’appuient sur les textes bibliques prophétiques pour légitimer la possession par le peuple juif de la terre d’Israël. Pour nombre d’entre-eux, la naissance d’Israël a été l’acte fondateur de leur engagement. Dans les années 1990, ils ont renforcé leurs relations avec les néoconservateurs américains. Les attentats du 11 septembre leur ont donné l’occasion d’influer davantage sur la politique américaine. Pour eux, la Nation américaine doit soutenir l’édification d’un État d’Israël dans ses frontières bibliques et combattre ceux qui s’y opposeraient. Ainsi, le sionisme chrétien est devenu l’un des marqueurs de la droite chrétienne américaine. Il a pris place au côté de la lutte contre l’avortement et la défense des valeurs morales et familiales.

Un président qui a tenu ses promesses de campagne.

Donald Trump est le premier président américain à s’être entouré d’un si grand nombre de conseillers religieux qui sont tous des figures de l’évangélisme blanc conservateur. Son vice-président Mike Pence et son secrétaire d’État Mike Pompeo sont des évangéliques convaincus qui influent fortement sur la politique du président.

Ainsi, le Président Trump a pris des décisions inédites concernant Israël. En décembre 2017, il reconnait Jérusalem comme capitale d’Israël et en mai 2018, il officialise en y déplaçant l’ambassade des États-Unis. En mars 2019, il se prononce en faveur de la reconnaissance de la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan syrien. Ensuite, en octobre 2019, la diplomatie américaine indique qu’elle ne considère plus les colonies israéliennes comme « contraires au droit international ». Enfin le plan de paix américain de janvier 2020 est très favorable à Israël.  Ayant bien conscience du poids de ses actes, Donald Trump a déclaré, lors d’un rassemblement électoral dans le Wisconsin le 17 août dernier : « Et nous avons déplacé la capitale d’Israël à Jérusalem… C’est pour les évangéliques…». Par ailleurs, les retraits américains de l’Accord de Paris et de l’Accord sur le nucléaire iranien s’inscrivent dans les mêmes objectifs : Plaire à la droite conservatrice.

Respectant ses promesses, Donald Trump a nommé, deux juges conservateurs à la Cour suprême : Neil Gorsuch en 2017 et Brett Kavanaugh en 2018. Les juges progressistes sont devenus minoritaires pour de nombreuses années au sein de la plus haute juridiction du pays. L’administration américaine a tenté de faire disparaitre le terme « genre » des documents de l’ONU. Et les États-Unis se sont opposés à une résolution contre le viol comme arme de guerre par crainte de cautionner l’avortement. Donald Trump a ainsi tenu l’essentiel de ses promesses de campagne…

Un candidat qui ne veut pas perdre l’électorat évangélique.

Lors des élections de mi-mandat, 75% des évangéliques blancs ont soutenu des candidats républicains. Mais certains évangéliques se montrent agacés par l’attitude de Donald Trump dont les décisions ne sont pas toujours conformes aux principes bibliques. Ses soutiens semblent un peu s’éroder. Selon un sondage du Public Religion Research Institute publié le 4 juin dernier 62 % des évangéliques blancs soutiennent actuellement le président américain”, contre “près de 80 %” en mars 2020. D’autre part, en 2016, 72% des évangéliques noirs n’avaient pas soutenu Donald Trump. Or il s’agit de la population de chrétiens qui croît le plus rapidement. Ils représentent aujourd’hui plus d’un tiers des évangéliques américains.

Comme en 2016, le candidat Trump, compte sur son vice-président pour assurer la mobilisation de la droite religieuse. Il a également publié le 9 septembre une liste de candidats potentiels à la Cour suprême, face à la promesse de Joe Biden de nommer une juge noire. Mais le candidat démocrate n’hésite pas à utiliser sa foi comme argument électoral. Joe Biden ne suit pas la stratégie d’Hillary Clinton qui avait décidé d’évacuer la dimension chrétienne de sa campagne. Le parti démocrate a diffusé en août dernier un spot publicitaire où on le voit discuter et rire avec le pape François. Et sur le site de campagne du candidat, on peut lire « Je suis un catholique pratiquant. Je crois que la foi est un don. Et le premier devoir que nous avons tous : “Aime ton Dieu.”… ».

 

Selon les derniers sondages, Donald Trump bénéficie toujours du soutien de la majorité des évangéliques blancs. Mais une érosion même minime dans des États-clés pourrait lui être fatale. Les évangéliques blancs sont des individus plutôt âgés, potentiellement plus concernés par la crise sanitaire actuelle. Comment  vont-ils se comporter électoralement ?  Vont-ils se déplacer dans les urnes malgré les risques ? Vont-ils faire payer à Donald Trump sa gestion chaotique du Covid-19 ?

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Marie-Christine BIDAULT

Marie-Christine Bidault est étudiante en journalisme à l'ESJ Paris. Par ailleurs Analyste en stratégies internationales (IRIS Sup') et Ingénieur en agriculture (ISARA Lyon), elle s'intéresse fortement aux questions de géopolitiques environnementale, agricole et alimentaire, avec un intérêt particulier pour les politiques américaines.

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