L’année 1950 : de l’affrontement des « deux Grands » à l’espoir européen
Alors que les pays européens pansent encore leurs blessures de la Seconde Guerre mondiale, la société internationale se retrouve à la limite d’une nouvelle guerre mondiale, mais cette fois-ci en Asie. La guerre de Corée (1950-1953) prend une ampleur toute particulière du fait de la Guerre froide opposant les États-Unis et l’URSS. Toutes les grandes puissances de l’époque se retrouvent impliquées. Le monde tremble, et craint un conflit nucléaire, tandis que l’appel de Stockholm (19 mars 1950), lancé par le Mouvement national des partisans de la paix et Frédéric Joliot-Curie, demande « l’interdiction absolue de l’arme atomique ».
La guerre de Corée débute le 25 juin 1950, avec l’invasion de la Corée du Sud par des troupes de l’armée nord-coréenne, appuyées logistiquement par l’URSS. Dans le contexte de Guerre froide, le conflit régional devient rapidement mondial. Le jour-même, Harry Truman, Président des États-Unis, saisit l’Organisation des Nations Unies (ONU) ; il ordonne aussi à son armée d’aider la Corée du Sud à se défendre. Le 27 juin, l’ONU condamne la Corée du Nord (résolutions 83 et 84 du Conseil de Sécurité). Malgré cela, la Corée du Nord gagne rapidement du terrain. Grâce à l’intervention du général McArthur, (15 septembre), et malgré le soutien de la Chine, la Corée du Sud reprend le dessus. A la fin de l’année, la situation est toujours instable. Les troupes nord-coréennes ayant repris Pyongyang (4 décembre).
Le continent européen continue à se scinder distinctement entre l’Est et l’Ouest. La soviétisation de l’Europe de l’Est progresse : des purges ont lieu dans le Parti communiste roumain, des pouvoirs importants sont accordés en Yougoslavie aux syndicats… A l’image de l’Europe, la division de l’Allemagne se renforce. La République démocratique allemande (RDA) rejoint le Conseil d’assistance économique mutuelle (CAEM), mis en place par Staline, alors que la République fédérale d’Allemagne intègre le Conseil de l’Europe en juillet.
Malgré ces divisions, l’année 1950 marque aussi le début du processus de création de ce qu’est aujourd’hui l’Union européenne avec le fameux « discours de l’horloge ». Le 9 mai, Robert Schuman, alors ministre des Affaires étrangères, présente son plan pour la création d’une organisation européenne chargée de mettre en commun les productions allemandes et françaises d’acier et de charbon. Grandement inspiré par Jean Monnet, son but était de rendre une guerre entre les deux pays « non seulement impensable, mais matériellement impossible ». Ce but sera réalisé avec la fondation de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) en 1951. Ce n’est pas la seule avancée de l’année pour le projet européen. En effet, quelques mois plus tard, le 26 octobre, débute le projet René Pleven de communauté européenne de défense (CED). Enfin, le 4 novembre, la convention européenne des droits de l’homme (CEDH) est signée par les Etats membres du Conseil de l’Europe.
En bref :
- 26 janvier 1950 : promulgation de la Constitution indienne qui créé la « République d’Inde ». C’est un succès pour Jawaharlal Nehru, alors Premier ministre, qui sera parvenu à assurer la stabilité politique de l’Union indienne (1947-50)
- 6 octobre 1950 : fin de la construction du plus long oléoduc jamais bâti par l’Homme, l’Oléoduc trans-arabe. Il parcourt 1214 kilomètres, de Qaisumah (Arabie-Saoudite) à Sidon (Liban). Son activité a cessé en 1990. Il a permis à l’Arabie-Saoudite d’augmenter sa production, ainsi que son exportation, de pétrole.
- 4 novembre 1950 : fin de l’isolation diplomatique de l’Espagne par l’ONU. Ce boycott avait été décrété en 1946 contre le régime de Francisco Franco.
- Le Prix Nobel de la Paix est attribué à l’américain Ralph Bunche (1903/4-1971), pour son rôle de médiateur en Israël à la fin des années 1940. Il est le premier Afro-Américain à recevoir cette distinction.