La visite officieuse de Kim Jong-Il ou la transition au pouvoir pressentie
Kim Jong-Il, Président du Comité de Défense Nationale et Sécrétaire Général du Parti du Travail de Corée (ou Parti des Travailleurs de Corée, en coréen, 조선로동당), effectue ce 26 août une visite en République Populaire de Chine, flanqué de son plus jeune fils et dauphin flairé, Kim Jong-Un. D’ailleurs, le Chef des Renseignements sud-coréen et Directeur du Service National de Renseignements, Won Sei-Hoon, a expliqué au Parlement, ce jeudi 26 août, que le cadet de Kim Jong-Il était un protagoniste de plus en plus important dans la prise des décisions politiques du pays.
La susdite visite n’est en effet point anodine : elle précède un comice extraordinaire du parti unique coréen, le Parti du Travail de Corée, lequel sera vraisemblablement subordonné à la préparation de la transition au sommet de l’autocratie « rouge ». En effet, la succession de Kim-Jong-Il à la tête de l’Etat s’affine : le parti bolchévique au pouvoir aurait choisi une date en septembre 2010 pour la tenue d’une réunion. « Le Bureau politique du Parti des Travailleurs de Corée a décidé de réunir début septembre de Juche 99 (l’année 2010), une conférence du Parti pour élire son organe dirigeant suprême », selon l’Agence Centrale de Presse Nord-coréenne (KCNA). Il s’agira alors de la troisième réunion de ce type depuis l’instauration de la République Démocratique Populaire de Corée (RDPC), en 1948. Rien d’officiel dans cette visite, mais des habitants des villes chinoises de Ji’an et Jilin auraient été déconcertés par une étourdissante opération sécuritaire policière dans la nuit du 25 au 26 août, ainsi que par la visite cursive d’un établissement scolaire, alors foulé aux pieds quelques années auparavant par Kim Il-sung, père de Kim Jong-Il (surnommé le Grand Leader, 위대한 수령, widaehan suryŏng).
Cette visite, hautement symbolique, marque donc le passage incontestable de la contingence à l’assurance d’une transition au pouvoir. D’ailleurs, comme l’a déclaré officiellement le Directeur du Service National de Renseignements Nord-Coréen, Won Sei-Hoon, la détérioration de l’état de santé de l’actuel dirigeant de la Corée du Nord obligeait à une accélération du processus de transfert de pouvoir. La médiatisation de son attaque cérébrale survenue il y a deux ans de cela a en effet suscité l’interrogation collective et actualisé encore davantage l’idée d’une succession. D’ailleurs, ces derniers mois, le plus jeune fils de Kim Jong-Il s’est vu investi d’une confiance particulière, davantage de pouvoirs lui ont en effet été octroyés. Ainsi, par cette « réunion extrêmement rare » à venir, selon le mot de Kim Yeon-Chul, « la Corée du Nord va probablement conférer à Kim Jong-Un un statut officiel de dauphin. »