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Mort du prince Philip : une nouvelle épreuve pour le Royaume-Uni

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Le duc d’Édimbourg, époux de la reine Elizabeth II est mort le 9 avril à l’âge de 99 ans. Par sa longévité exceptionnelle, il était l’un des symboles de la permanence de la monarchie britannique. Quelle conséquence aura sa mort dans un Royaume-Uni aujourd’hui fragilisé par le Brexit et par la reprise des tensions en Irlande du Nord  ?

Mort du prince Philip
Le prince Philip s’en est allé…

Des hommages du monde entier

Vendredi 9 avril, le Palais de Buckingham  a déclenché le plan « Forth Bridge » déploiement protocolaire arrêté pour la disparition du prince Philip. Les hommages ont afflué en continu toute la journée, de Downing street à l’ensemble des partis politiques britanniques. Ainsi, le chef de l’opposition travailliste, Keir Starmer, a déploré « la perte d’un serviteur public extraordinaire ». La Première ministre indépendantiste écossaise, Nicola Sturgeon, s’est dite « attristée » par la mort du duc d’Édimbourg. Et tous les partis ont suspendu leur campagne en vue des élections locales du 6 mai prochain.

L’écho international de la mort du prince est à l’image de ses origines. Né prince de Grèce et de Danemark, Philip connaitra une enfance d’exil à travers l’Europe. Celle-ci est le symbole du déclin de ce monde aristocratique, emporté au lendemain de la première guerre mondiale. Toutes les nations du Commonwealth ont rendu hommage au prince Philip. L’Australie a annoncé une mise en berne de ses drapeaux. Le chef du gouvernement indien, Narendra Modi a salué « les talents militaires » du duc d’Édimbourg. Le Premier ministre pakistanais a  souligné son rôle « dans la promotion des relations entre le Pakistan et le Royaume-Uni ».  Depuis les États-Unis Joe Biden a évoqué « des décennies d’action dévouée ». Et le Premier ministre Netanyahou a estimé que le « prince Philip sera très regretté en Israël ». Les Européens ont également salué sa mémoire. Ainsi, le Ministre français des Affaires étrangères a évoqué le « destin européen » du prince.  La Chancelière allemande a « exprimé son profond chagrin ».  De son côté, Vladimir Poutine a souhaité à la reine « du courage et de la force mentale face à une perte lourde et irréparable ». Enfin, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a rappelé le « dévouement du prince  pour des causes caritatives ».

Une accalmie dans les violences en Irlande du Nord

Les violences se sont calmées vendredi soir en Irlande du Nord après l’annonce du décès. Les unionistes ont annulé des manifestations et des marches prévues dans certains quartiers de Belfast. Mais cette trêve pourrait être de courte durée. Le texte des affiches, placardées sur certains murs de Belfast, précisait que « l’opposition » aux termes du Brexit  « et à toutes les injustices » allait reprendre « après une période de deuil ».

En effet, depuis début avril, des émeutes émaillent régulièrement la province britannique d’Irlande du Nord.  Au départ, celles-ci ont opposé les unionistes protestants aux forces de police. Mais depuis quelques jours, s’affrontent unionistes et républicains à majorité catholique, partisans de la réunification avec la République d’Irlande. Et elles font resurgir le spectre des « Troubles » qui ont opposé les deux communautés durant 30 ans. Ces émeutes sont une manifestation des conséquences du Brexit qui fragilise le délicat équilibre acquis depuis plus de 20 ans. Afin d’éviter le retour d’une frontière physique entre la province britannique et la République d’Irlande, membre de l’Union européenne, ces contrôles se tiennent dans les ports nord-irlandais. Ainsi tout se passe comme si la frontière entre l’UE et le RU était en mer d’Irlande. Mais ces dispositions perturbent les échanges commerciaux. Les rayons vides des supermarchés en Irlande du Nord ont agi comme une étincelle. Les unionistes qui considèrent cela comme une frontière entre leur province et la Grande-Bretagne se sentent trahi par Londres.

Les Premiers ministres britannique et irlandais ont appelé au « dialogue ». Ils ont ainsi rejoint l’ensemble des dirigeants d’Irlande du Nord, qui ont condamné ces violences  « inacceptables ».  Le Premier ministre irlandais a mis en garde samedi 10 avril contre une « spirale » menaçant la paix en Irlande du Nord. Ces paroles ont eu une résonance particulière en ce jour marquant le 23e anniversaire de l’accord du Vendredi Saint.

Une inconnue, la réaction de la Reine Élisabeth II

La reine âgée de 95 ans se relèvera t-elle de la mort de son époux ? Celle-ci observe un deuil de huit jours. Pendant celui-ci les affaires d’État sont mises en pause et elle n’exerce aucune de ses fonctions habituelles. Selon le Daily Mail, après ces huit jours, un deuil royal officiel débutera pour une durée de 30 jours.  La reine devrait dans les jours prochains s’adresser aux Britanniques mais nul ne sait si son état de santé émotionnelle le lui permettra. Son arrière grand-mère, la reine Victoria, s’était repliée sur elle après la mort de son époux le prince Albert. Cet effacement n’avait pas servi la monarchie qui a besoin d’être incarnée par une figure forte.  Et la reine Élisabeth II est sans doute aujourd’hui un des symboles le plus fort de l’unité du royaume britannique.

La mort du prince Philip permettra-t-elle de recréer un sentiment d’unité dans un Royaume-Uni divisé par le Brexit ? Rien n’est moins sûr. La place de l’Écosse n’a jamais été autant remise en question. 58% des Écossais soutiennent désormais une rupture avec le Royaume-Uni. Le soutien des Gallois à leur indépendance a récemment atteint un chiffre record de 39% contre 20% il y a 5 ans. Le spectre d’un retour de troubles durables en Irlande du Nord inquiète. Ce lundi 12 avril, les députés britanniques, écossais, gallois et nord-irlandais ont tous rendu un hommage solennel au prince. Cela suffira-t-il à faire retrouver au peuple britannique un sentiment d’unité ?

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Marie-Christine BIDAULT

Marie-Christine Bidault est étudiante en journalisme à l'ESJ Paris. Par ailleurs Analyste en stratégies internationales (IRIS Sup') et Ingénieur en agriculture (ISARA Lyon), elle s'intéresse fortement aux questions de géopolitiques environnementale, agricole et alimentaire, avec un intérêt particulier pour les politiques américaines.

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