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Le cercle vicieux des désastres naturels et des inégalités de genre

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Les violences de genre ne sont pas un phénomène nouveau. Elles précèdent les désastres et les accompagnent. Par violence, il faut entendre une variété d’actions impliquant la notion de pouvoir. Le contrôle physique, psychologique, émotionnel, les menaces et l’intimidation sont autant de structures de pouvoir installées par la violence.

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Inégaux dans la survie

Les désastres sont le reflet d’inégalités sociales, politiques et économiques entre genres. Le genre, à contrario du sexe physique d’une personne – délimité à la naissance -, se définit par une suite d’attitudes, d’attentes et de responsabilités fixées par la société. Elles sont amovibles dans le temps et attribuent différents rôles aux hommes, femmes, enfants et communautés LGBTQ+. Leurs conséquences s’illustrent lors de désastres naturels et se renforcent par ces événements. Les « inondations, les sécheresses et les tremblements de terre sont neutres en termes de genre, leurs implications ne le sont pas » énonçait ainsi, en mars, la Banque mondiale.

Aux États-Unis, par exemple, un plus grand nombre d’hommes meurt chaque année d’inondations que de femmes. Ceci s’explique par leur surexposition dans les carrières liées au sauvetage de personnes. En effet, les hommes occupent 90% des postes à risques. Plusieurs facteurs sociaux peuvent en être tenus pour responsable : les valeurs de bravoure et de protection privilégiées – parfois inconsciemment – pour l’éducation des garçons, le devoir social de subvenir aux besoins de sa famille, l’idée d’un homme fort et à même de remplir ces positions …

Désastres et violences de genre dans les régions en développement 

La tendance s’inverse dans les pays en voie de développement. Dans ces pays, les femmes meurent en plus grand nombre de cataclysmes climatiques et leur espérance de vie diminue.  Cependant, avec un statut socio-économique plus élevé, cette différence se réduit. Les inégalités ont donc un impact conséquent sur la sauvegarde d’un groupe. Selon son statut social, dépendant de critères divergents de cultures en sociétés, une personne peut être amenée à vivre dans un quartier plus à risque qu’un autre. La violence communautaire ou conjugale peut ainsi allouer peut d’énergie ou de ressources à la prévention de désastres. Ces violences impliquent des séquelles psychologiques et physiques pouvant limiter certains individus dans leur propre protection en temps de crise. Les femmes sont ici statistiquement défavorisées. En 2021, 1 femme sur trois dans le monde déjà avait été victime de violences, d’abus ou forcée à une relation sexuelle.

Dans une société patriarcale, les femmes peuvent ne détenir que peu de pouvoir décisionnel. Dépendantes de leur représentant masculin pour agir, elles se retrouvent limitées dans leur accès à l’information d’urgence et dans leur mobilité. Ces risques s’aggravent dans le cas de personnes vivant avec un handicap. En tant que protecteurs de famille, les hommes peuvent également avoir pour rôle de définir la distribution des ressources alimentaires, amoindries par les désastres. Les filles, jugées comme moins utiles en ces temps d’urgence sont parfois délaissées. De plus, l’accès aux services bancaires peut également être réduit pour les femmes, rendant leurs économies vulnérables aux aléas climatiques.

Une vulnérabilité accrue

L’apprentissage de compétences de secours peut être déterminé par le genre d’une personne. En 2004, des tremblements de terre de magnitude 9.0, suivis par des tsunamis, touchèrent 13 pays. Les femmes y représentèrent 80% des victimes. Pour certaines, leurs habits traditionnels se prirent dans les débris. Pour d’autres, l’accès au refuge passa par la demande d’échange sexuel. Au Sri Lanka, les femmes manquèrent de préparation à la natation ou à l’escalade, activités socialement réservées aux hommes.

Les violences de genre augmentent à la suite de désastres naturels. Sur l’île Vanuatu, par exemple, à l’Est de l’Australie, deux cyclones augmentèrent de 300% les violences intraconjugales. Les possibles traumatismes qui font suite à la précarité peuvent accroître les violences intercommunautaires. Elles risquent d’inciter des familles à vendre leurs enfants. Cela génère du revenu, tout en réduisant les coûts socialement perçus de l’éducation d’une fille. Au Soudan du Sud et en Asie du Sud, cette pratique s’approfondit particulièrement à la suite de sécheresses et d’inondations. Les refuges deviennent également dangereux pour les femmes, enfants et orphelins ayant perdu leur protection familiale. Ils s’y trouvent vulnérables aux divers trafics, viols et exploitations sexuelles. Les communautés LGBTQ+, jugées moins importantes à secourir puisque stigmatisées, sont parfois barrées d’accès aux ressources de survie.

Sources

Fatal Employment: Men 10 Times More Likely Than Women To Be Killed At Work, 12/2018, Forbes.

Eric Neumayer & Thomas Plümper (2007) The Gendered Nature of Natural Disasters: The Impact of Catastrophic Events on the Gender Gap in Life Expectancy, 1981–2002, Annals of the Association of American Geographers, 97:3, 551-566, DOI: 10.1111/ j.1467-8306.2007.00563.x

The risk of gender-based violence grows after weather disasters, 09/2020, Yale Climate Connections

Gender Dimensions of Disaster Risk and Resilience, GFDRR & World Bank Group, 2021

Global Report on Trafficking in Persons 2020, UNODC

Brenda Phillips and Pamela Jenkins, Gender-based violence and disasters, South Asia in comparative perspective, 2016

Managing Gender-Based Violence in emergencies, UNFPA

 

 

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Gabrielle FRANCK

Gabrielle FRANCK est étudiante de niveau master, poursuivant un double diplôme «International Relations and Politics and Public Administration» dans les universités partenaires Charles (Prague) et Konstanz (Allemagne).

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