Marée noire au large de la Tunisie : le risque écarté ?
Samedi 16 avril dernier, le pétrolier Xelo, 58 mètres de long sur 9 mètres de large, a sombré dans le golfe de Gabès, dans les eaux territoriales tunisiennes. Il avait quitté le port de Damietta en Egypte, à destination de Malte, avec à son bord 750 tonnes de gasoil. Le vendredi 15 au soir, l’équipage avait été contraint de passer au large de la Tunisie à cause du mauvais temps. Le cargo a commencé à couler à environ 7 km du golfe de Gabès, la salle des machines a été inondée jusqu’à 2 mètres. Les autorités tunisiennes ont été à l’affût afin d’éviter une catastrophe naturelle de taille, à l’image de l’accident maritime de l’Ulysse, en 2018, provoquant une nappe de 600 tonnes de fioul. Cependant, une semaine plus tard, le ministère tunisien de l’Environnement a déclaré dans un communiqué de presse que le cargo était vide. Le point.
Des moyens importants mis en place
Il y a deux semaines, en réponse au naufrage du Xelo, la Tunisie a déployé le « Plan national d’urgence de prévention des pollutions marines » pour éviter la marée noire. Ce naufrage pourrait avoir des conséquences désastreuses, surtout que la région de Gabès est réputée comme étant une importante zone de pêche.
La ministre tunisienne de l’environnement, Leila Chikhaoui, a déclaré avoir l’objectif « de maîtriser la situation et d’éviter la propagation de polluants ». Le ministère a envoyé des plongeurs pour inspecter l’état de la coque du cargo et installer des « barrières anti-pollution » autour de la zone du naufrage. Une opération de pompage était également prévue afin de vider les cuves de gazole du navire.
De plus, le gouvernement tunisien a ouvert une enquête afin de comprendre les raisons du naufrage du Xelo. L’équipage a interdiction de quitter la Tunisie pour une période de 15 jours. Après investigation, un porte-parole du tribunal de Gabès aurait affirmé la présence de fuites invisibles à l’œil nu avant le départ du cargo, à l’Agence Française Presse (AFP). Cependant, ces fuites auraient été estimées sans danger pour le navire, ne pouvant provoquer de catastrophe.
L’utilisation floue d’un cargo en mauvais état
Selon l’ONG Robin des bois, ce bateau-épave était surtout en beaucoup trop mauvais état pour continuer de circuler sur les mers. Construit en 1977, le navire de 45 ans d’âge « n’aurait jamais pu accéder à un port européen » vu son état, d’après l’ONG environnementale. Durant l’enquête, le ministère des transports tunisien a voulu vérifier les causes de l’accident mais aussi la nature de l’activité du pétrolier et son trajet de ces dernières semaines. Le Xelo aurait donc fait escale du 4 au 8 avril, dans le port tunisien de Sfax, au nord de Gabès. Le bateau se serait arrêté pour changer d’équipage, faire de mineures réparations, sans chargement ou déchargement, ainsi que pour se ravitailler. Des médias tunisiens ont souligné que le golfe de Gabès est proche des côtes libyennes. La Libye étant un important producteur de pétrole, depuis quelques années, le trafic d’hydrocarbure s’y intensifie.
Le mystère autour du pétrolier vide
Finalement, le 22 avril, une semaine plus tard, le ministère tunisien de l’environnement a déclaré, via un communiqué, que « le navire Xelo qui a coulé dans le golfe de Gabès ne contient pas de gazole et ses réservoirs sont vides » et qu’« il ne pose aucun risque de pollution dans l’immédiat ». Le communiqué précise également que les préparatifs prévus pour pomper le fioul vont être arrêtés. Le renflouement et le remorquage de l’épave du Xelo est prévu par les autorités tunisiennes mais seulement « dans une phase ultérieure ». Le mystère de ce pétrolier reste tout de même entier : le ministère, qui avait annoncé une semaine plus tôt que 750 tonnes de pétrole était transporté par le navire et qui avait alarmé sur le risque d’une marée noire en Méditerranée, ne s’est toujours pas exprimé sur cet étonnant revirement de situation.