Complot iranien contre l’ambassadeur saoudien à Washington : le coup de semonce américain
Après l’annonce, hier, d’un complot déjoué par les Etats-Unis visant l’ambassadeur saoudien à Washington, les relations irano-saoudiennes se sont immédiatement tendues. Sans que l’on sache la véracité ou non de l’implication de Téhéran…
Les révoltes du printemps dernier dans l’est de l’Arabie Saoudite, ainsi qu’au Bahreïn, n’avaient fait qu’amorcer la mèche. Les Saoudiens, à majorité sunnite, pointaient du doigt le soutien des chiites iraniens à ces soulèvements. Mais de là à imaginer une attaque frontale de Téhéran vis-à-vis des intérêts saoudiens… A vrai dire, une telle affaire ne peut avoir de retentissement que si elle touche également les Etats-Unis, principaux alliés des Saoudiens. Et sans oublier que l’Iran pense secrètement que l’Arabie Saoudite fait tout pour pousser le syrien Al-Assad vers la sortie…
Dans les câbles dévoilés par Wikileaks il y a quelques mois, on pouvait lire que l’ambassadeur saoudien visé avait informé ses collègues américains qu’il était temps d’ « affronter l’Iran ». Bref, tout semble réuni pour que les deux rivaux du Golfe en viennent aux mains très rapidement.
L’instabilité mondiale régnant actuellement n’a pas besoin de rumeurs trop vite répandues…
En s’interrogeant sur le fond de l’affaire, un seul mot vient à l’esprit : pourquoi ? Pourquoi Téhéran en viendrait-il à vouloir tuer un diplomate, qui plus est sur le sol américain ? Les deux suspects arrêtés ont beau affirmer avoir été recrutés par des agents de la Force Qods (agence secrète des Gardiens de la Révolution iraniens), cela parait beaucoup trop simple. De même que la thèse affirmant que tout ceci n’est qu’un prétexte pour les Américains afin de prendre une mesure (radicale ?) vis-à-vis de l’Iran.
On en revient toujours au même problème : que dire et faire du nucléaire iranien ? Les Saoudiens veulent une action efficace, de peur que cela n’affecte leur aura régionale. Quand les uns critiquent les hérétiques chiites iraniens, ces derniers répondent que les Saoudiens ne sont que le bras armé de l’Occident dans la région. Autant dire que l’on arrive très facilement à une situation sans solution. La défaite de Saddam en Irak, dernière pièce du containment saoudien vis-à-vis de Téhéran, n’a pas facilité les choses.
Autant la confrontation irano-américaine faisait peur à beaucoup de monde, autant une confrontation directe entre les deux ennemis du Golfe aurait de quoi donner des sueurs froides à tous. La bonne nouvelle est la suivante : on est encore dans la politique-fiction…