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Japon : Les Abenomics à l’heure du bilan

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Ce dimanche 14 décembre, les Japonais seront appelés aux urnes à l’occasion d’élections législatives anticipées, qui reconduiront très probablement le Premier Ministre en fonction, Shinzo Abe. Néanmoins, c’est sans grand enthousiasme que les Japonais se rendront dans les bureaux de vote : le scrutin de dimanche prochain est plutôt l’occasion pour Shinzo Abe de faire un point sur son plan de relance économique lancé en 2012 – baptisé Abenomics – et tenu pour responsable du marasme économique actuel du pays.

La Banque du Japon, un acteur décisif dans le plan de relance proposé par le Premier Ministre japonais Shinzo Abe
La Banque du Japon, un acteur décisif dans le plan de relance proposé par le Premier Ministre japonais Shinzo Abe

Entré en fonction en décembre 2012, après plus de cinq ans d’absence politique, Shinzo Abe a immédiatement engagé un plan de relance économique pour enrayer le problème récurrent de la dette. L’idée principale du plan est de favoriser la reprise de l’inflation par des mesures classiques : dévaluation du yen, assouplissement des politiques budgétaires et achat massif de Bons du Trésor et autres actifs financiers par la Banque du Japon (méthode du quantitative easing). Une augmentation des salaires avait quant à elle pour objectif principal de stimuler la demande intérieure.

Les premiers effets des Abenomics sont positifs, du moins sur le plan macroéconomique. En trois mois (de décembre 2012 à février 2013), le yen perd plus de 20% de sa valeur, ce qui a pour effet direct de stimuler les exportations japonaises. Les efforts de la Banque du Japon pour réinjecter des liquidités dans l’économie font grimper l’inflation. De plus, le volet social des Abenomics, qui favorise notamment l’entrée des femmes dans la vie active, fait tomber le chômage à 3,7% en décembre 20131, niveau inégalé depuis 2006.

Pourtant, le bilan de la politique économique japonaise semble bien moins encourageant en cette fin d’année 2014. L’inflation ralentit dangereusement, les hausses de salaires promises par les entreprises tardent à venir, et le déficit budgétaire ne cesse de se creuser en raison de l’augmentation constante des dépenses sociales. Le 18 novembre dernier, Shinzo Abe prononçait la dissolution de la Chambre basse du Parlement et demandait l’organisation d’élections législatives anticipées, remettant ainsi en question les bases de sa politique économique.

Comment comprendre ce bilan en demi-teinte des Abenomics ?

Les premières causes de ce résultat économique mitigé sont dues au plan lui-même. Mise en place au 1er avril 2014 afin d’alimenter les finances publiques plombées par la dette, la hausse de la TVA de 5% à 8% a porté un large coup à la consommation des ménages. C’est d’ailleurs l’annonce d’une nouvelle hausse de cette taxe, et les violentes réactions qu’elle avait suscitée auprès des Japonais, qui avait précipité la dissolution de la Chambre basse du Parlement par le Premier Ministre. Surtout, la chute de la demande intérieure a eu pour effet immédiat le retour à une situation déflationniste dont le pays cherche à tout prix à s’extraire depuis l’éclatement de la bulle immobilière au début des années 1990.

Mais le relatif échec des Abenomics s’explique aussi par des dysfonctionnements structurels du pays. Le vieillissement de la population ne cesse de peser sur les dépenses étatiques en matière de santé, accroissant de facto le déficit budgétaire. La tendance protectionniste, voire isolationniste du pays (qui se manifeste notamment par la faiblesse des investissements étrangers), empêche une possibilité de sortie de crise par l’apport de capitaux extérieurs. Enfin, et c’est certainement le point le plus déterminant dans la difficile mise en place des Abenomics : le Japon ne dispose pas d’un pouvoir central fort. Même en période de crise, l’Etat cède bien souvent une large indépendance aux grandes entreprises et monopôles industriels. Plus encore, les administrations japonaises sont hermétiquement isolées les unes des autres, et le Premier Ministre n’a finalement pas un rôle de décision clairement affirmé. Cette léthargie de la politique japonaise, cette absence de leader charismatique dans un pays au cœur d’un monde asiatique de plus en plus phagocyté par la Chine, risque à terme d’isoler économiquement le pays du Soleil levant.

1: Source, OCDE

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