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COP26 : les États-Unis face au développement durable

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La COP26 cristallise tous les espoirs. Pourtant, les États-Unis en seront les grands absents. Alors que le président Trump est préoccupé par l’Iran, comment peut-on qualifier la position étatsunienne vis-à-vis du développement durable ?

Le gaz à effet de serre, un enjeu de la COP26
Le bilan de la COP25 est décevant et loin de l’urgence climatique.

L’échec de la COP25

La COP25 qui s’est tenue à Madrid (Espagne) début décembre 2019 a été un échec. Les deux semaines de négociations ont surtout été marquées par de fortes dissensions entre les pays. Mis-à-part un accord a minima, aucun des grands pays émetteurs n’a fait d’annonce pour rehausser ses ambitions climatiques. Ces débats reflètent surtout le décalage entre les dirigeants et les demandes des citoyens, particulièrement les jeunes, portés par la figure emblématique de Greta Thunberg.

Les États-Unis étaient présents à Madrid en tant qu’observateurs discrets malgré leur retrait annoncé de l’Accord de Paris. En effet, Donald Trump a acté la sortie des États-Unis de l’accord en 2019. Conformément à la procédure, ils ont soumis une notification formelle de leur retrait aux Nations Unies le 04 novembre 2019. Leur départ effectif prendra effet un an plus tard, soit le 4 novembre 2020. Il interviendra donc au lendemain de la prochaine élection présidentielle.

Le géant américain n’est pas le seul à avoir gardé le silence sur ses politiques environnementales lors de la COP25. La plupart des autres grands pays émetteurs de gaz à effet de serre, tels la Chine, l’Inde, le Brésil, le Japon et l’Australie se sont également montrés frileux en matière de législations visant à freiner le réchauffement.

Plus particulièrement, la remise à une date indéterminée par les grandes puissances de l’article 6 de l’Accord de Paris inquiète. Celui-ci a pour objectif de réguler les marchés internationaux du carbone. Plus concrètement, il prévoit un système d’échange de droits d’émissions de gaz à effet de serre entre les pays émetteurs, et ceux qui émettent moins. Cependant l’article reste ambigu. Certains états craignent que le système de rachat d’émissions d’un état par un autre pourrait conduire des pays à émettre plus.

La position étatsunienne

Le président Américain ne dissimule pas sa position climato-sceptique. Il s’applique également à défaire les politiques environnementales prises par son prédécesseur. Sous son mandat, Donald Trump a annulé plus de 90 réglementations environnementales. Il a annulé l’obligation faite aux sociétés pétrolières et gazières de déclarer leurs émissions de méthane. Il a également abrogé l’exigence pour les autorités étatiques et régionales de suivre les émissions d’échappement des véhicules circulant sur les routes fédérales.

Le président a aussi révoqué un décret exécutif d’Obama qui avait pour objectif de réduire de 40% les émissions de gaz à effet de serre sur 10 ans. En 2016, les émissions de CO2 des États-Unis représentaient 14% des émissions mondiales, contre 9,6% pour l’Union Européenne. Avec l’assouplissement des mesures de politiques environnementales, ce chiffre pourrait continuer à augmenter.

Quels impacts pour l’engagement climatique mondial si Trump est réélu ?

L’accord de Paris a été affaibli par le retrait annoncé des Etats-Unis. Pour autant, la décision n’a pas créé l’effet domino que certains craignaient. Plusieurs acteurs non-fédéraux ont renforcé leurs engagements, particulièrement ceux gouvernés par les démocrates. Ils sont nombreux à vouloir atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. Si cela compensera en partie l’inaction américaine, ces efforts ne seront pas suffisants pour rester dans l’objectif des accords internationaux.

L’Accord de Paris visait à limiter le réchauffement mondial à +2°C. Ces objectifs semblent insurmontables pour de nombreux États, alors que la COP25 s’est achevée sur un cri d’alarme du GIEC. Le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat a appelé à limiter l’augmentation du réchauffement climatique à 1,5ºC. De même, l’insouciance étatique risque de se trouver renforcée par l’absence étatsunienne. Celle-ci pourrait entraîner un refus de pays réticents comme le Brésil de faire davantage. Si Trump est réélu cette tendance risque de s’accentuer et il faudra attendre 2024 pour un éventuel réengagement.

Un regard tourné vers la COP26

La COP26 marquera l’anniversaire des cinq ans de l’Accord de Paris. Elle pourrait également signifier un tournant capital dans l’application des ambitions annoncées dans ce dernier. À ce jour 187 pays ont ratifié l’Accord de Paris. La COP26 pourra cependant bénéficier de nouveaux supports de taille, tel la Russie, bien que sa ratification de l’accord se soit faite sous conditions.

De son côté, l’Union Européenne pourrait se positionner en exemple. Le Royaume-Uni souhaite devenir le nouveau défenseur de l’énergie décarbonée en Europe avec le pari ambitieux de couvrir ses besoins domestiques tout en couvrant son empreinte carbone. Pour y parvenir elle mise sur les énergies renouvelables et un investissement dans le nucléaire troisième génération.

Malgré l’absence des États-Unis, le mouvement pour le climat ne semble donc pas s’étouffer. La COP26 espère se voir porteuse de projets ambitieux qui détermineront notre capacité à maintenir le changement climatique à des niveaux viables.

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Anastasia Athénaïs Porret

Athénaïs PORRET est docteure en sociologie et genre, diplômée de Paris Cité. Elle s’intéresse particulièrement à la géopolitique du terrorisme, le Moyen Orient, l’Afrique et les enjeux sécuritaires et d’influence.

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