Boko Haram : le fléau nigérian (2/2)
En complément d’un tout dernier article mettant en lumière les récentes exactions de Boko Haram, nous vous proposons ici un retour sur la genèse du mouvement, ainsi que les conséquences internationales d’une telle propagation du terrorisme sur le territoire nigérian.
Pour tous ceux qui en sont resté au 11 septembre 2001, Al-Qaïda ne représente plus le groupe terroriste moderne, fondé sur un extrémisme religieux et des attaques perpétrées contre des civils. Boko Haram a repris indirectement le flambeau d’Al-Qaida, avec une pensée similaire : les idéaux défendus par l’Occident, notamment la démocratie et la laïcité, ne sont que des pêchés. Le groupe, fondé il y a une dizaine d’années, possède aujourd’hui une force de frappe certaine et menace l’intégrité du pays.
A ses origines, Boko Haram ne se signalait guère par des actions ultra-violentes comme c’est le cas actuellement. En 2009, il fut à l’origine d’un soulèvement populaire dans des Etats du nord du pays, soulèvement vite stoppé par la police. C’est pour venger la mort en détention de son créateur, Mohammed Youssouf, que le mouvement s’est peu à peu radicalisé depuis 2010. Depuis, le credo du mouvement est clair : instituer la loi islamique sur tout le pays, et non pas seulement sur les régions du nord, majoritairement musulmanes.
Est-ce l’enlèvement d’étudiantes qui va ouvrir les yeux de l’Occident ?
Or, les actions d’endiguement par le gouvernement nigérian n’ont guère porté leurs fruits. Les actions militaires ont radicalisé le mouvement, qui est devenu plus structuré et dont l’influence a grandi dans les campagnes du nord et de l’est. Le financement reste encore opaque et beaucoup moins développé que celui d’Al-Qaïda à son apogée (voir la première partie). Il est certain qu’une partie de sa force de frappe provient des reliquats récupérés lors du conflit libyen de 2011 et ayant transité à travers tout le Sahara. Mais, comme les groupes terroristes l’avaient fait au Mali avant l’intervention française, Boko Haram profite des faiblesses des structures étatiques, notamment sur les dossiers de l’inégale redistribution des richesses ou de la propagation de la corruption, pour se renforcer au fil du temps.
La question qui se pose est la suivante : a-t-il fallu attendre l’enlèvement de plusieurs dizaines d’étudiantes pour découvrir l’ampleur des dégâts au Nigeria ? La lumière avait été faite depuis longtemps sur les risques planant dans le delta du Niger, principalement en raison de l’implantation de majors pétrolières dans la région, mais beaucoup moins sur les exactions commises à des centaines de kilomètres de là. Il n’en reste pas moins qu’au fur et à mesure que la situation devient préoccupante, un scénario à la malienne devient possible. Des forces armées étrangères pourraient venir en soutien du gouvernement nigérian. Mais qui ? Pour l’instant, impossible à dire. Mais nul ne doute que si des intérêts occidentaux commençaient à être sérieusement menacés, une réponse serait vite trouvée.