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Rétrospective 2015 : les évolutions de Daech sur le territoire syro-irakien et ses conséquences géopolitiques

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L’année 2014 avait été marquée par l’ascension de Daech et l’établissement d’un califat autoproclamé. Force est de constater que l’année 2015 a encore été marquée par l’organisation terroriste. Les tensions n’ont pas diminué, sinon se sont accentués, concentrant les préoccupations mondiales. 

Les territoire gagnés et perdus par Daech en 2015 par rapport à l'année précédente
Les territoires gagnés et perdus par Daech en 2015 par rapport à l’année précédente.

Au cours de l’année 2015, le groupe djihadiste a augmenté sa surface de contrôle sur les territoires syriens avant d’en perdre une partie significative. Après avoir perdu le siège de la bataille de Kobané, ville reprise par les kurdes durant l’hiver, l’organisation terroriste s’est avancée dangereusement vers l’ouest du pays et de la capitale Damas. Au cours du mois de mai, l’organisation a notamment pris la ville de Palmyre et en a profité pour détruire la cité antique, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, qu’elle abritait. Toutefois, à la fin de l’année, selon l’institut IHS, le califat autoproclamé possèderait 14% de territoire en moins par rapport à décembre 2014. Ses principales pertes ont été au nord de la Syrie près de la frontière turque aux alentours de la ville syrienne de Tal Abyad. En Irak, le groupe terroriste n’a pas gagné de territoire par rapport à l’année 2014. En revanche, il a subi plusieurs revers comme la reprise de la ville de Tikrit et la raffinerie de Baiji située plus au nord. Ainsi, il est aisé de remarquer que les principales pertes du territoire de l’organisation Etat Islamique sont situées près des zones contrôlées par les kurdes, que ce soit en Syrie ou en Irak. Toujours selon l’institut IHS, les kurdes syriens auraient même gagné 186% de territoire par rapport à l’année précédente. A contrario, l’acteur ayant perdu le plus de territoire au cours de l’année 2015 a été le gouvernement syrien avec 16% de territoire en moins.

Un engagement de plus en plus fort des puissances mondiales

La perte de territoire de Daech est à mettre en relation avec l’engagement plus prononcé de la coalition internationale dominée par les Etats-Unis et de ses alliés, notamment régionaux. La France s’est aussi davantage investie à partir du mois de septembre puisqu’elle a autorisé des frappes aériennes sur le territoire syrien. La coalition internationale a pour objectif de viser les intérêts de Daech. Cela dit, le changement majeur à noter au cours de l’année 2015 a été l’intervention aérienne russe sur le territoire syrien à la fin du mois de septembre. En effet, les russes ont décidé d’intervenir en Syrie afin de soutenir leur allié Bachar al-Assad, visant ses ennemis : à la fois Daech et les groupuscules opposés au gouvernement syrien. Il s’agit de la première intervention russe en dehors de leur pré-carré ex-soviétique depuis la fin de la guerre froide.

Ainsi, l’organisation Etat Islamique a, en 2015, cristallisé les tensions et les forces qui la combattent. On retrouve plusieurs acteurs sur ce territoire avec différents objectifs : d’un côté le gouvernement syrien de Bachar al-Assad soutenu par le Hezbollah libanais, l’Iran et la Russie ; et de l’autre des groupes fortement hétérogènes s’opposant à Bachar al-Assad et à l’Etat islamique et soutenus par la coalition occidentale. L’Etat islamique a ainsi perdu plusieurs territoires au cours de l’année 2015 mais ces derniers ont été, pour la majorité d’entre eux, au profit des kurdes qui veulent récupérer les territoires qui leurs appartenaient avant l’arrivée de l’Etat islamique. Par conséquent, les kurdes vont-ils s’arrêter de combattre Daech une fois tous leurs territoires récupérés ? Toutefois, pour faire reculer Daech en 2016, les autres acteurs devront eux aussi regagner des territoires. L’enjeu de l’année 2016 est donc de savoir quel acteur réalisera des avancées décisives.

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