Relations Etats-Unis/Mexique : entre méfiance et interdépendance
L’accession de Donald Trump à la Maison-Blanche a fait se lever un vent d’incertitude concernant les relations entre les États-Unis et le Mexique. Les provocations à l’égard de la population latino-américaine et le projet de construction d’un mur entre les deux pays ont mené le président mexicain Enrique Peña Nieto à prendre du recul par rapport à son voisin. Tout l’enjeu des années à venir sera de voir l’évolution des rapports entre ces deux pays voisins, si différents mais également si dépendants l’un de l’autre …
Au cours de sa campagne électorale face à Hillary Clinton, Trump avait fait de la construction d’un mur sur l’ensemble de la frontière avec le Mexique la pierre angulaire de sa politique migratoire. Il s’agirait en fait d’une extension, puisqu’une barrière de plus de 1120 kilomètres existe déjà entre les deux pays, ce qui coûterait plus de 21 milliards de dollars d’après le Département de la Sécurité Nationale. De plus, sa volonté de faire payer ledit mur par son homologue mexicain, de faire expulser les immigrés clandestins et de remettre en question l’ALENA (Accord de libre-échange nord-américain) explique pourquoi les deux pays sont au milieu d’une véritable crise diplomatique. Cette politique va en effet complètement à rebours de celle conduite par les précédentes administrations.
Les relations entre les États-Unis et le Mexique ont toujours été marquées d’une certaine ambivalence. Déjà au XIXe siècle, alors que ces deux nations se sont construites sur un projet commun d’indépendance vis-à-vis du colonialisme (anglais et espagnol) elles se livrèrent une terrible guerre de 1846 à 1848 liée à un conflit frontalier concernant le Texas, qui aboutît à une rude défaite pour le Mexique. Depuis cette époque, les deux pays ont tissé des relations économiques fortes, que ce soit par la présence d’une forte migration mexicaine dans la Sun Belt des États-Unis (notamment en Californie, Arizona ou Texas) ou l’existence des maquiladoras, ces usines à la frontière-nord du Mexique destinées exclusivement à l’exportation. Aujourd’hui, les États-Unis sont le premier partenaire commercial du Mexique tandis que le Mexique est le troisième partenaire commercial des États-Unis.
Malgré cette interdépendance économique, le Mexique ne jouit pas d’une très bonne image aux États-Unis : le pouvoir des cartels de la drogue dans le sud du pays irrite les autorités et la perspective que la population étasunienne ne devienne majoritairement latino à l’horizon 2050 inquiète les secteurs conservateurs (16,3% de la population des États-Unis était d’origine latino-américaine en 2010). La politique anti-migratoire menée par Donald Trump n’est donc pas surprenante de ce point de vue. Cependant, il faudra analyser dans les années à venir si Donald Trump réussit à mettre ses projets en œuvre puisqu’ils sont discutés jusque dans son propre camp et si le Mexique opère un revirement stratégique en se rapprochant de ses partenaires latino-américains ou en restant amarré à son voisin nord-américain.