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Fidel Castro est-il devenu capitaliste ?

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Ce titre, volontiers provocateur, a été choisi par le Washington Post pour faire écho à une interview du Lider Maximo par une revue américaine. Il y déclare que le modèle économique cubain « n’est plus efficace », ou même que le choix de l’accueil des fusées soviétiques à Cuba, prélude à la crise de 1962, était une énorme erreur. Lire ce genre de déclarations pourrait faire croire que Castro est subitement devenu gâteux, que sa crise intestinale s’est muée en Alzheimer précoce. Il n’en est rien. Elle sonne bien comme une autocritique personnelle (qui est extrêmement rare dans le monde politique, qui plus est pour un « dictateur » selon les propres termes de nombreux présidents américains…).

A vrai dire, cela ne fait que rejoindre la thèse employée par son frère et actuel Président, Raul. Finie la relative autarcie de l’île (quoique subie en partie avec le blocus américain), finie la mono exportation sucrière. Et même finie, depuis peu, la détention de nombreux prisonniers politiques. Bref, tous les avatars du communisme castriste disparaissent peu à peu, tout en maintenant et développant ses apports (éducation, santé, etc.).

Mais, écouter Castro s’avère toujours très utile pour comprendre les enjeux mondiaux. Même si son idéologie a pu paraitre parfois démesurée, il possède malgré tout et en de nombreux cas une juste compréhension des choses. Avouer que le modèle chinois peut être appliqué au cas cubain s’avère très réaliste, tout du moins dans cette capacité à manier capitalisme économique et communisme politique. Et ne pas se retirer totalement de la vie politique cubaine a été un choix très astucieux, car il reste écouté par les populations âgées, celles ayant vécu le coup d’Etat de 1959, comme par les jeunes, très attirés par les côtes de Floride et inquiets pour leur futur.

Alors non, Castro ne va pas se convertir au capitalisme, soyez-en sûrs. Reconnaitre certains échecs intérieurs lui permet de se concentrer uniquement sur les enjeux extérieurs, qu’ils concernent l’île ou non. Nombre de pays du « Sud » seraient tombés dans le piège de l’Iran, cherchant à le soutenir comme modèle de « l’anti-américanisme ». Mais Castro reste lucide : l’Iran demeure une menace avant tout, pas un allié. Il rejoint les thèses américaines sur le droit des Israéliens à vivre en sécurité, sans faire écho au problème palestinien (pourtant lourdement soulevé par les tiers-mondistes, fils du castrisme). Ainsi, malgré la caricature et le procès qui lui ont été faits, Fidel Castro n’est pas Satan : il est simplement réaliste, et c’est déjà beaucoup.

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