La Chine, étape délicate de la tournée asiatique de Donald Trump
Donald Trump poursuit sa tournée asiatique jusqu’au 13 novembre. Après le Japon et la Corée du Sud, le président américain est en Chine depuis mercredi et poursuivra par le Vietnam et les Philippines. Pékin représente l’étape la plus sensible de ce voyage diplomatique, notamment avec le dossier nord-coréen au cœur des discussions et des ambitions des deux puissances.
Après une étape au Japon sans difficultés, où Donald Trump a réaffirmé son intention de fermeté vis-à-vis de la Corée du Nord, le président américain s’est rendu à Séoul dans une ambiance quelque peu différente. Environ 2000 manifestants – selon les estimations des organisateurs – ont défilé pour la paix, fustigeant les attitudes agressives de Kim Jong-Un et Donald Trump. La population estime qu’elle serait la première victime de l’escalade entre les deux dirigeants. Cependant, le président sud-coréen Moon Jae-In a réservé un accueil prestigieux à son homologue, et a déclaré : « Les États-Unis sont un vrai ami qui a été avec nous et qui a versé son sang à nos côtés lorsque nous étions dans le besoin ». En effet, même si des désaccords existent entre les deux gouvernements sur la posture à adopter, le soutien sécuritaire américain est essentiel pour la Corée du Sud et Moon Jae-In a profité de cette visite pour le faire savoir.
Par ailleurs, Donald Trump a prononcé un discours devant l’Assemblée nationale sud-coréenne, où il s’est directement adressé au régime de Pyongyang , en précisant que les « armes ne [renforçaient] pas [leur] sécurité » et qu’il ne fallait pas sous-estimer la force américaine et de ses alliés. Néanmoins, le président américain a notablement mesuré ses propos en précisant que Kim Jong-Un était « attendu autour de la table » pour nouer un dialogue. Alors qu’il avait critiqué la politique d’apaisement de Moon Jae-In et promis « le feu et la colère » à la Corée du Nord, le dirigeant a su faire preuve d’une intelligence diplomatique inattendue.
Pékin plus conciliant mais qui conserve ses ambitions
La visite à Pékin du mercredi 8 novembre constitue le point d’orgue du parcours. La Chine est à la fois le partenaire le plus proche de la Corée du Nord – même si de nombreuses dissensions demeurent – et la plus grande puissance de la région. Donald Trump a ainsi « préparé » cette étape en félicitant Xi Jinping pour sa reconduction et en citant, en amont de sa venue, une coopération « très, très utile » de la part de la Chine sur le dossier nord-coréen. Preuve que le président américain semble prendre conscience de l’influence chinoise en Asie et de l’impossibilité de composer sans elle sur les dossiers régionaux. Une attitude plus diplomatique mais qui ne ralliera pas pour autant Pékin à la cause américaine. Le gouvernement chinois adopte en effet une position plus conciliante mais sur les deux fronts. D’un côté, Xi Jinping a reçu les félicitations de Kim Jong-Un suite au 19e Congrès du Parti Communiste Chinois et a déclaré vouloir des rapports apaisés avec son voisin. D’autre part, la Chine a également fait preuve de plus de mesure face à la Corée du Sud. Le contentieux concernant le bouclier antimissile américain THAAD, en territoire sud-coréen, empoisonnait les relations sino-coréennes depuis environ un an. Dans la mesure où Pékin souhaite bloquer la perspective d’une alliance triangulaire Japon-Corée du Sud-États-Unis, un réchauffement s’est opéré avec Séoul depuis l’annonce de la tournée asiatique de Donald Trump. Le géant chinois a donc définitivement l’intention de compter dans le jeu diplomatique et de démontrer sa propre puissance. Les États-Unis représentent un rival et la Corée du Nord demeure un pion important sur l’échiquier afin d’affirmer la prééminence chinoise en Asie. Si la Chine a voté en faveur des dernières sanctions prises par l’ONU envers le régime nord-coréen, Donald Trump ambitionne de convaincre son homologue chinois d’adopter une posture encore plus ferme, notamment sur le plan économique. Nul doute que cet objectif s’annonce difficile face à une Chine déterminée à protéger ses intérêts et à ne pas être « suiveuse ».
Enfin, une rencontre avec Vladimir Poutine, en marge du sommet de l’Apec au Vietnam, est toujours prévue en fin de semaine. Donald Trump souhaite, comme pour la Chine, que la Russie se montre plus ferme vis-à-vis de Pyongyang. Le président américain terminera sa tournée le 13 novembre, à Manille.