Premier drone furtif chinois : Pékin définit un nouveau rapport de force.
Alors que les drones américains sont régulièrement dénoncés pour leurs attaques meurtrières au Pakistan, la Chine vient de faire voler son tout premier drone furtif, de son petit nom : le Yi Long. Premier d’une série de drones qui a pour but d’améliorer l’arsenal militaire de la Chine, ce nouvel engin illustre la rapidité phénoménale avec laquelle la Chine comble le fossé qui la sépare des Etats-Unis en termes de puissance de feu. Pas forcément une bonne nouvelle pour le Japon, la Corée du Sud ni pour les Etats-Unis.
Il y a de quoi être fier à Pékin en ce moment. Si les Etats-Unis caracolent en tête des innovations militaires, en particulier dans le domaine des drones, mais sont embourbés dans des guerres sans fin, les européens, eux, stagnent pour causes de querelles intestines dans le développement de leurs nouvelles armes de pointe. C’est donc bien un tour de force que vient de réussir Pékin à savoir : effectuer un grand bon technologique en avant pour affirmer sa puissance militaire grandissante.
Et c’est une tendance qui n’est pas prête de s’arrêter. De quoi inquiéter tous les pays voisins qui se trouvent de facto dans la sphère d’influence de Pékin et qui ne voient pas d’un très bon œil les velléités militaires du régime. Le Japon, notamment, a de quoi craindre ce qu’annoncent les démonstrations de force de l’Empire du Milieu. Ancien pays colonisateur, sous protection américaine depuis la Seconde Guerre Mondiale et, du point de vue chinois, l’occupant des îles Diaoyu (Senkaku en japonais), le Japon commence tout juste à sortir de son marasme économique débuté dans les années 90. Dès lors, s’il ne peut ignorer la puissance chinoise sur un plan économique, le militarisme de plus en plus exacerbé de son voisin n’est pas de bon augure pour un Empire du Soleil Levant qui ne peut plus compter à 100% sur son allié américain.
Cet allié n’a, en effet, pas plus de raisons de se réjouir de cette tendance. Empêtré en Afghanistan mais aussi au Pakistan, conflit par lequel les drones ont acquis une réputation pour le moins sulfureuse, les Etats-Unis se seraient bien passés de voir une nouvelle menace potentielle émerger si près de leurs opérations. En effet, la Chine possède une frontière directe avec l’Afghanistan et multiplie ses projets au Pakistan, par exemple, le projet d’un pipeline qui traverserait le Pakistan pour approvisionner la Chine en gaz naturel.
L’expansionnisme chinois ne fait que commencer
Pour le moment, il s’agit notamment pour Pékin de montrer ses muscles aux pays environnants mais aussi, et surtout, à Washington. En revanche, force est de constater que les Etats-Unis se désengagent graduellement de l’Asie du Sud-Est, conséquence de la lassitude du peuple américain après les deux guerres interminables des années 2000. Or, cette région abrite traditionnellement de nombreuses unités navales et aériennes de l’armée américaine. La réduction des effectifs prouve à Pékin que son heure est bientôt arrivée : bientôt, leur puissance économique pourra être soutenue par une puissance militaire que même les Etats-Unis n’oseront pas défier. Le rapport de force militaire entre les deux pays est en train de suivre le même chemin que le rapport de force économique : ce n’est pas qu’un rééquilibrage qui est en train de s’opérer mais un véritable transfert de suprématie. Attention à ne pas trop titiller le dragon qui dort.