Crise des réfugiés : le nouveau défi de Merkel
Comme si le premier semestre n’avait pas apporté suffisamment de problèmes à la chancelière allemande avec la crise grecque, voilà que l’été fait naître un autre danger pour Angela Merkel : mal contrôler l’afflux de migrants venus d’Europe du Sud et de l’Est.
Peut-on considérer, comme la chancelière, que la crise actuelle des réfugiés est d’une importance encore plus capitale que le Grexit pour l’Union Européenne ? Seul le recul permettra de l’affirmer. Néanmoins, les deux crises se rejoignent sur leur prévisibilité. Tout comme les problèmes économiques grecs devaient resurgir à un moment donné, l’afflux de milliers de migrants était, là encore, un problème auquel l’Europe devait se préparer. Et sans surprise, tant l’Europe apparait dépassée depuis de nombreuses années par toutes sortes de problèmes tant économiques que politiques, elle n’a pas su prévenir un tel afflux.
L’erreur de Merkel, historiquement, a été de croire qu’il s’agissait d’un problème que seuls les pays du Sud et de l’Est devaient endiguer. Néanmoins, de par leur déliquescence et l’afflux unique de réfugiés, c’est l’Allemagne qui va être au cœur de la résolution du problème. Premièrement, car c’est elle qui va enregistrer la hausse la plus brutale de demandes d’asiles, vraisemblablement autour de 800 000, soit quatre fois le total de 2014. Deuxièmement, car c’est l’Allemagne qui décide pour l’Europe, comme l’a montré la crise grecque, et plus particulièrement lorsqu’elle est directement concernée.
Qui plus est, cette crise des réfugiés fait naître un nouvel écueil pour la chancelière. Tous les problèmes rencontrés par l’Europe depuis des années semblaient étrangers à l’Allemagne. Ainsi, en pleine crise financière, l’Allemagne affichait une croissance toujours intéressante, par exemple. Le même constat prévalait lors de la crise russo-ukrainienne. Mais là, c’est différent : le problème des réfugiés la touche directement. Verra-t-on encore plus de volontarisme allemand sur cette question par rapport au cas grec ? Cela est fort possible.
Rompre avec les petits pas, un sacré objectif pour la chancelière
C’est un véritable défi pour Merkel, car son approche par petits pas, qui a prévalu depuis son entrée en fonction sur toutes les crises diplomatiques, ne suffira pas. Il faut agir, et vite, surtout lorsqu’il s’agit d’un problème national et continental. En effet, Merkel fait déjà l’objet en interne de critiques par l’extrême droite sur sa politique accommodante vis-à-vis des réfugiés. En Europe, il y a déjà de grandes divergences entre les pays de l’Est, qui durcissent leurs politiques migratoires face à l’afflux actuel et ceux de l’Ouest, plutôt accommodants et qui seront la destination finale de ces centaines de milliers de personnes. Car le sujet est sensible : si un pays se montre plus accommodant que les autres, en termes de nombre de réfugiés reçus ou de prestations fournies, alors il attirera plus que ses voisins, ce qui générera très probablement des frustrations parmi les citoyens de ce pays. Et dans un contexte de crise, il est très probable que cela dégénère rapidement…
Le défi de Merkel à l’échelle européenne est donc de tenter de définir un politique continentale d’asile commune. Cela s’avère extrêmement compliqué, puisque certains pays, dont le sien, se doivent de compenser une fécondité en baisse par un afflux de migrants, tandis que d’autres, y compris en Europe de l’Ouest, voient les partis nationalistes anti-immigration gagner du terrain jour après jour.