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Le Royaume-Uni va t-il perdre l’Écosse et l’Irlande du Nord à cause du Brexit?

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Le 24 juin 2016 restera une date clé dans l’histoire européenne, le jour où les britanniques ont voté en faveur du « Brexit » par 51,9% des voix. Une fois les résultats annoncés, la presse anglo-saxonne s’est tout de suite focalisée sur la répartition des votes par région. Si l’Angleterre et le Pays de Galles ont voté en majorité pour le Brexit, l’Écosse et l’Irlande du nord se sont prononcés pour le Remain. Un nouveau problème politique est donc à craindre pour le Royaume-Uni, puisqu’il s’agit de deux « nations » à fort potentiel indépendantiste. Alors qu’un référendum sur l’indépendance du Royaume-Uni était organisé en Écosse en 2014, le cas nord-irlandais reste bien trop récent pour être considéré comme définitivement stable.

carte-brexit-620_fr-newL’Écosse a donc voté à 60% contre le Brexit, une différence d’opinion avec son voisin anglais qui pourrait raviver les vélléités de référendum sur l’indépendance écossaises. C’est dans ce sens que s’est exprimée la Premier Ministre Nicola Sturgeon après l’annonce des résultats, en affirmant la volonté d’une destinée commune entre l’Écosse et l’Union Européenne. Un argument de poids en faveur d’un nouveau référendum écossais, puisque lors de la campagne de 2014, gagné avec 55% des voix par les unionistes, ces derniers avaient brandit l’argument du retrait de l’Union Européenne. Pour les écossais la donne pourrait alors changer. Certaines personnalités écossaises et britanniques ayant émis des avis négatifs sur l’indépendance écossaise semblent déjà avoir changer d’avis. C’est le cas de l’auteur anglaise J.K. Rowling, contre le vote d’indépendance écossais il y a deux ans et qui dans un tweet après l’annonce du Brexit, a encouragé un nouveau référendum.

Retour de l’Ulster au pays ?

Pour la région irlandaise d’Ulster, nommé Irlande du nord au sein de l’union britannique, qui a voté à 56% contre le Brexit, les choses pourraient également évoluer. Nous avions presque oublié la particularité de cette province, le conflit à la fin des années 60, les tensions dans les années 80, Bobby Sands, le processus de paix en 98 et le dépôt des armes de l’IRA en 2005. Un retour à la paix très récent, trop récent pour que soit considérée comme totalement acquise, l’appartenance de l’Irlande du Nord au Royaume-Uni. Le vice-Premier Ministre nord-irlandais Martin McGuinness, membre de Sinn Féin, le parti politique républicain, anciennement lié à l’IRA, avait prévenu qu’en cas de Brexit, il demanderait un référendum lui aussi : « L’accord du Vendredi saint de 1998 a été signé parce que Londres et Dublin étaient tous deux membres de l’UE », remettant ainsi en question le traité de paix. Il n’est donc pas inenvisageable que l’Irlande retrouve sa province du nord et soit réunifiée.

Avant le Brexit, les indépendantistes étaient présentés comme des forces politiques marginales, aujourd’hui ce sont les britanniques qui ont repris cette image avec leur sortie de l’UE. Ainsi l’opinion internationale va très certainement changer concernant l’indépendance de l’Écosse et de l’Irlande du Nord, si elle celle-ci entraîne un retour de ces deux nations dans l’Union Européenne. Au niveau écossais, Nicola Sturgeon a annoncé qu’une loi autorisant la tenue d’un second référendum sur l’indépendance de l’Ecosse. Si ce scénario venait à se réaliser, deux nations quitteraient un royaume de moins en moins uni.

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Fabien HERBERT

Fabien Herbert est Président des Yeux Du Monde et rédacteur géopolitique pour l'association depuis mars 2016. Formé à l’Université Catholique de Louvain, Fabien Herbert est journaliste et analyste spécialisé en relations internationales. Il s’intéresse notamment au monde russophone, au Moyen-Orient et à l'Asie du Nord-Est.

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