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Le Brexit met la frontière irlandaise dans tous ses états

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Le Brexit implique un rétablissement des contrôles à la frontière entre l’Irlande du Nord, membre du Royaume Uni depuis 1927, et la République d’Irlande. Or, un tel événement aurait des répercussions majeures, à tel point que le sujet est l’une des trois priorités définies par les négociateurs européens. 

Frontière entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande

En effet, la frontière actuelle n’est qu’une simple ligne administrative sur la carte, traversée sans encombre des milliers de fois quotidiennement. Pourtant, ce statut de « couture », d’interface entre les deux Irlande, ne date que des accords du Vendredi Saint en 1998, qui ont mis fin à trente années de violente lutte armée avec les sécessionnistes du Nord, menée par l’IRA notamment (Irish Republican Army). Jusqu’alors, la frontière était plutôt une « coupure », parsemée de checkpoints militaires et de postes de douanes. Leur suppression a donc entraîné le développement d’une économie mettant à contribution les deux Etats sur l’île, à l’image des bières Guinness, brassées à Dublin, embouteillées à Belfast puis exportées depuis Dublin de nouveau.

Toutefois, Theresa May souhaite le retour d’une « Hard Border » pour contrôler les flux migratoires et pour quitter pleinement le marché unique européen. Or, ceci aurait un fort impact négatif sur le commerce entre les deux parties de l’île. D’autant plus que l’Irlande du Nord, majoritairement pro-européenne, est le deuxième partenaire commercial de son voisin du Sud, tandis que la République d’Irlande compte parmi les partenaires non négligeables du Royaume Uni. Par ailleurs, la majorité des échanges transfrontaliers concernent des produits du secteur de l’agro-business, or le Brexit permettait au Royaume Uni d’adopter d’autres normes sanitaires que celles très strictes de l’UE. Ainsi, des contrôles à la frontière naîtraient de ce cette différence et coûteraient du temps et donc de l’argent aux entreprises concernées. Pour répondre à ce problème, certains députés de l’Irlande du Nord demandent à bénéficier d’un statut unique en sortant de l’UE mais pas de l’Union douanière ou même du marché unique. Cependant, cela impliquerait la création d’une nouvelle frontière commerciale dans la mer du Nord, ce qui serait d’autant plus dommageable pour la partie nord de l’île car le Royaume Uni représente sa première destination à l’export.

Toutefois, l’aspect commercial n’est pas le seul enjeu des négociations. La frontière marque indiscutablement une distinction socio-culturelle entre deux peuples. Dès lors, l’effacement de la « Hard Border » au profit d’une simple « ligne interface » entre les deux parties de l’île avait logiquement fait partie des demandes socio-culturelles des nationalistes dans le cadre des Accords du Vendredi Saint en 1998. Ces derniers, et notamment le Sinn Féin (deuxième parti politique irlandais anciennement proche de l’IRA), réclament donc l’union de l’Irlande comme solution aux problèmes posés par le retour d’une frontière marquée et pourraient fragiliser le processus de paix. Les Irlandais du nord restent néanmoins opposés à 63% à un tel avenir indique le dernier sondage réalisé.

Malgré tout, Theresa May assure vouloir quitter le marché unique européen. Son gouvernement avance la mise en place d’une e-border à l’aide des nouvelles technologies pour fluidifier au maximum le traffic. L’exemple de la Suisse, qui réussit à maintenir un commerce dense avec l’Allemagne dans le même cas de frontière, prouve que l’Irlande peut surmonter cette mutation de sa frontière, du moins d’un point de vue économique.

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