Avis de tempête au sommet : le bilan de la réunion du G7
Les 8 et 9 juin derniers se tenait une nouvelle session du Groupe des sept (France, États-Unis, Royaume-Uni, Italie, Canada, Japon, Allemagne) à Malbaie, au Québec. Les négociations des puissances démocratiques et économiques mondiales promettaient d’être musclées. Depuis plusieurs mois les dissensions entre alliés se sont affirmées, tant sur les questions commerciales que de défense ou encore d’environnement, si bien que l’on pronostiquait un « G6 +1 », c’est-à-dire Trump contre tous.
Divisions et tensions au programme
C’est dans une atmosphère tendue que les chefs d’États ont abordé la rencontre, et les principales divisions sont rapidement apparues. L’Europe a fait front commun contre les tarifs sur l’acier et l’aluminium annoncés par Trump, et a été suivie par le Canada et le Japon. Cette stratégie semblait avoir fonctionné puisqu’au deuxième jour du sommet le Président américain déclarait avoir de très bonnes relations avec ses homologues, notamment parce qu’ils avaient pu régler la « situation injuste » décrite par Trump selon laquelle les États-Unis sont la « tirelire du monde ». La mise en place d’une zone de libre-échange entre les pays du G7, la modernisation de l’Organisation Mondiale du Commerce, ainsi que l’interdiction de commercer avec l’Iran pour les groupes européens ont également été évoquées. L’Europe s’est globalement opposée à l’idée américaine de la réintégration de la Russie au Groupe, dont elle avait été exclue en 2014 après l’annexion de la Crimée. Vladimir Poutine qui était alors en Chine pour le sommet de l’Organisation de Coopération de Shanghai a qualifié de « babillages » les négociations du G7 et a rappelé qu’il n’existait aucune preuve tangible permettant d’accuser la Russie d’empoisonnement de l’espion russe, Sergueï Skripal, au Royaume-Uni.
La question du climat a divisé le groupe de manière prévisible. Donald Trump s’est fermement opposé à tout accord en quittant la table des négociations pour se rendre à Singapour. Le sommet historique avec la Corée du Nord a donc clairement constitué une priorité par rapport aux alliés occidentaux. Le Japon a emboîté le pas à la position américaine et s’est absous de tout nouvel engagement. Le sujet sensible a été le plastique. Les organisateurs du sommet prévoyaient de recycler 100% du plastique d’ici à 2030, objectif en accord avec celui de l’Union européenne pour 2025 (99% des bouteilles plastiques recyclées).
« Trahison canadienne » et perspectives futures.
Le 9 juin, les dirigeants ont annoncé avoir établi un communiqué commun et s’être mis d’accord sur 28 points. Les sept chefs d’État ont donc signé un document, non contraignant juridiquement. Cependant, alors qu’il était en route pour Singapour, Donald Trump a annoncé qu’il se retirait de l’accord en vertu d’une « trahison canadienne ». Il s’agissait en fait d’un tweet de Justin Trudeau qualifiant d’ « insultants » les droits de douane sur l’acier et l’aluminium.
La thèse du « G6+1 » s’est donc confirmée en matière climatique et commerciale. À la suite de la déclaration canadienne le Président américain a promis d’appliquer, et même d’alourdir, les tarifs prévus et a reconfirmé sa volonté de taxer les importations de voitures étrangères à hauteur de 25%. Cette volte-face sur l’accord pourrait constituer un message fort envoyé au leader nord-coréen, lui rappelant qu’aucun accord n’est acquis avant la rencontre historique des deux hommes le 12 juin 2018 à Singapour. Le Président Trump a profité de cette réunion du G7 pour revenir sur la nécessité pour les pays européens d’accroître leur budget de défense, sujet épineux déjà évoqué auparavant sur l’avenir de l’OTAN.
Ce sommet a mis en exergue la fragilité des relations entre alliés, tandis que le désengagement de Trump pose la question de la viabilité future du Groupe en l’absence d’une puissance fondatrice comme les États-Unis. Le Brexit du Royaume-Uni et l’accès au pouvoir d’un populiste en Italie sont autant de failles exploitées par Trump pour fissurer le camp européen. Reste à savoir si le duo Macron – Merkel trouvera le moyen de faire vivre l’accord comme l’affirmait le Président français sur twitter avant la rencontre en ces termes : « Peut-être que c’est égal au Président américain d’être isolé mais ça nous est aussi égal d’être à 6 si besoin était. ».