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À quand le Peak Oil ?

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Commençons par définir ce qu’est le Peak Oil. Cette théorie est le fruit de la pensée d’un géophysicien américain au service de la compagnie pétrolière Shell, Marion King Hubbert, qui en énonça la thèse en 1956. Hubbert avait alors démontré que la production pétrolière suivait une courbe en cloche, c’est-à-dire qu’elle continuerait à augmenter jusqu’à ce que la moitié du pétrole disponible soit extrait, puis qu’elle baisserait inexorablement ensuite, quand bien même l’investissement grimperait. Ainsi, le géophysicien avait-il prédit devant les auditeurs de l’American Petroleum Institute que la production pétrolière américaine commencerait à baisser au début des années 1970. Ce qui s’est effectivement passé, malgré une hausse significative des investissements.

Cependant, lorsqu’il s’agit de transposer cette théorie, alors appliquée à l’échelle des Etats-Unis, au niveau mondial, certains problèmes se posent. Comment évaluer avec fiabilité la taille des réserves mondiales ? Non seulement certaines sont difficile d’accès, mais surtout les chiffres peuvent être volontairement faussés, comme l’explique Colin Campbell, géologue fondateur de l’Association for the Study of Peak Oil and Gas. Selon lui, 46% des ressources des pays de l’OPEP seraient douteuses, sinon fausses. Notons par ailleurs que la notion de « réserves existantes » n’est pas viable pour calculer la quantité de pétrole qui va effectivement être récupérée : dans beaucoup de gisements, seuls 40% du pétrole disponible sont extraits pour cause de difficultés techniques.

Ainsi, nous sommes dans l’incapacité d’évaluer précisément la date du Peak Oil, bien qu’il soit admis qu’elle soit proche. Mais est-ce là l’essentiel ? Ce qui compte vraiment semble plutôt être de pouvoir évaluer la pente de décroissance de la courbe de production, facteur sur lequel nous pouvons jouer. En effet, l’inclinaison de la pente dépendra à la fois de l’évolution des cours, des découvertes techniques, et de nos modes de consommation. L’Institut Français du Pétrole prédit que dans quelques années les techniques de récupération du pétrole auront nettement évolué grâce à l’injection de solvants au cours du processus d’extraction.

Une chose est sûre, l’ère du pétrole facile, qui a caractérisé le XXe siècle est désormais terminée. On peut citer la phrase de Robert Kaufmann, chercheur à l’Université de Boston : « notre génération va connaître le passage irréversible d’une phase de croissance de l’offre de pétrole bon marché à une phase de déclin de la fourniture de pétrole de plus en plus coûteux. »

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