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Accord préliminaire de paix au Mali : la hache de guerre enfin enterrée ?

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A Ouagadougou, au Burkina Faso voisin, le gouvernement malien et les groupes touaregs ont enfin défini et signé un accord permettant de déposer les armes et d’aborder politiquement toutes les questions de gouvernance, de sécurité et d’avenir du pays. Quelles seront les prochaines priorités des deux camps ?

Depuis que les troupes djihadistes ont été dispersées et que l’Etat malien s’est efforcé de reprendre le contrôle des territoires du Nord du pays, la situation avec les Touaregs (d’abord soutien des islamistes) s’est tendue quant à la question de leur indépendance. Pendant ce temps les troupes françaises poursuivent leur mandat : 3500 à 3600 hommes sont aujourd’hui déployés mais leur effectif devrait être réduis à 2000 d’ici la fin de l’été avant d’atteindre le nombre de 1000 hommes à la fin de l’année. Ces troupes restantes devraient participer à la reconstruction de l’armée malienne et à des missions de contre-terrorisme coordonnées avec les missions des Casques bleus.

Mais le principal effort de contre-terrorisme aujourd’hui est d’arriver à stabiliser les régions sous contrôle des Touaregs et de négocier leurs exigences. C’est donc au terme de onze jours de négociations entre les représentants du Mali et des groupes touaregs du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) et du Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), que la médiation du président burkinabé Blaise Compaoré a pu accoucher d’un texte. Les deux parties s’engagent donc à un cessez-le-feu d’ici la présidentielle nationale du 28 juillet. Les parties s’engagent aussi à ne pas accroître leur territoire durant la trêve, le désarmement n’intervenant qu’après la signature d’un accord solide après la présidentielle et selon les modalités décrites par la résolution 2100 des Nations Unies. Une commission d’enquête internationale sera aussi mise sur pied pour enquêter sur les crimes de guerre commis dans le pays. Enfin, et c’est le plus important, les deux parties s’engagent à lutter contre le terrorisme et à libérer les prisonniers détenus du fait des combats.

C’est une avancée importante qui marque en principe le passage des Touaregs du statut de terroriste à celui d’alliés du gouvernement malien et des alliés dans le conflit.

Pour autant il faut que les parties s’engagent à respecter l’accord. Ce sera la mission du représentant spécial du secrétaire général de l’ONU au Mali de superviser le comité d’évaluation de cet accord. Le porte-parole des mouvements touaregs a déjà annoncé qu’ils n’adhéreraient au cessez-le-feu qu’à la condition que les groupes armés indépendantistes et terroristes du Nord fassent de même. Ce n’est pas gagné d‘avance.

Ces négociations viennent entériner un état de fait qu’est l’arrêt des combats proprement dits. La négociation pour la tenue des élections du 28 juillet et sur leur déroulement sera autrement plus difficile et sujette aux affrontements. La situation se tendra beaucoup plus lors du débat sur l’indépendance (ou non) des territoires du Nord-Mali et de leur souveraineté entre les mains des Touaregs. Même si le gouvernement malien ne contrôle plus ces territoires depuis au moins 6 mois maintenant, il ne les donnera pas sans conditions, reste à savoir lesquelles d’autant plus que les anciennes colonies sont censées fonctionner selon la règle de l’intangibilité de leur frontière (afin d’éviter une explosion du continent). En bref, si la guerre est officiellement terminée, le plus dur reste à faire.

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