Le Nigeria en proie aux tensions communautaires
Alors que le décompte des voix s’achève et qu’il devient de plus en plus certain que Jonathan Goodluck, président sortant et chrétien originaire du Sud du pays, remporte les élections présidentielles nigériennes face à Muhammadu Buhari, originaire lui du Nord musulman, et qui fut dictateur de ce pays dans les années 1980 (1984-1985), la tension commence à monter, alors que jusqu’ici les autorités avaient réussi le pari de maintenir un certain calme dans le pays. Quelques incidents avaient eu lieu avant le début des votes. Deux bombes ont explosé dans le Nord-Est du pays à Maiduguri, ville qui avait déjà été la cible d’attentats lors des élections législatives au début du mois d’avril. Cependant les deux explosions n’ont fait aucune victime.
Les partisans de Muhammadu Buhari accusent le clan Goodluck d’être l’auteur de fraudes massives. Pourtant les observateurs internationaux, en particulier les missions d’observation menées par l’Union africaine (UA) et par l’UE, affirment que le scrutin s’est déroulé en bonne et due forme. Quand bien même, il est difficile de reprocher au clan Buhari sa méfiance tant l’histoire du pays est marquée par la corruption. C’est que le Nigeria a été le théâtre de nombreux coups d’Etat, qui ont brisé à plusieurs reprises les espoirs de voir un jour la démocratie s’installer solidement dans le pays. Aujourd’hui cela semble chose faite, même si les précédentes élections ont été l’occasion pour les leaders nigérians d’être une fois de plus à l’origine de fraudes électorales.
La priorité pour le Nigéria semble être de parvenir à rapprocher et unifier les différents peuples et ethnies qui composent le pays (elles sont plus de 250) pour pouvoir briguer le titre de géant économique et politique africain, devant l’Afrique du Sud. Depuis l’indépendance, l’Etat africain n’a cessé de se fragmenter au rythme de réformes de décentralisation, qui se donnaient pour but de résoudre le problème ethnique, et qui ont bien faillit conduire le pays à sa perte. En 1967, le Nigeria comptait 12 Etats régionaux, il en compte aujourd’hui 36. Évidemment, pour parvenir à unifier le pays, il faudra un président qui fasse l’unanimité…