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La prolifération du nucléaire dans le monde : une fatalité ?

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Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, plusieurs Etats ont développé des programmes militaires d’enrichissement en uranium. Consciente des risques que peuvent représenter les armes nucléaires sur le plan stratégique comme sur le plan civil, la communauté internationale instaure en 1968 un Traité sur la Non-Prolifération des armes nucléaires (TNP), lame de fond de la lutte contre la non-prolifération. Quarante années plus tard, alors que l’on semble bien loin d’une dénucléarisation totale, pourquoi la prolifération des armes nucléaires est-elle si difficile à stopper ?

Tout d’abord, les instruments de lutte sont anciens : l’Agence Internationale de l’Energie Atomique date de 1957, le TNP de 1968, et les modalités de leur application ou de leur organisation n’ont pas foncièrement changé depuis leur mise en place.

Dès sa mise en place, le TNP fait l’objet de vives critiques en provenance de pays à l’époque membres du « Tiers-Monde » qui refusent en bloc d’êtres des « esclaves » (le terme est employé par Mao Zedong) soumis aux puissances nucléaires. Et puis, si le TNP (prévu originellement pour une durée de vie de 25 ans mais reconduit ad vitam aeternam en 1995) compte aujourd’hui 189 pays signataires, ce résultat est en partie dû aux nombreuses concessions qui ont été faites aux pays réfractaires.

Quant à l’efficacité de l’AIEA, elle ne reste encore aujourd’hui que bien minime. Elle n’a que peu de moyens pour entraver ou punir un programme d’enrichissement nucléaire clandestin, et toute action décisive reste soumise à l’aval du Conseil de Sécurité de l’ONU. De plus, comme une partie des contrôles effectués par l’Agence repose sur la déclaration des Etats, ceux-ci peuvent omettre certaines de leurs activités dans leurs rapports, rendant la lutte contre la prolifération plus difficile.

La lutte contre la prolifération nucléaire : une guerre asymétrique ?

La communauté internationale, sous la houlette de l’AIEA, combat moins aujourd’hui des Etats proliférants qu’une nébuleuse de réseaux clandestins d’enrichissement nucléaire. Le plus connu reste sans doute le « réseau Khan », du nom d’un ingénieur pakistanais, démantelé en 2003*. Ces réseaux compliquent considérablement la tâche des autorités, incapables de suivre des ramifications toujours plus complexes. Surtout, ils mettent en exergue la nécessité d’instaurer une réelle coopération supranationale.

En effet, la communauté internationale ne peut laisser transparaître qu’elle est inapte à enrayer la prolifération nucléaire. Le cas échéant, de nombreux pays se sentiraient plus en sécurité en développant un arsenal nucléaire dissuasif plutôt qu’en respectant des codes internationaux de toute façon inutiles. La question de trouver un leader mondial se pose donc plus que jamais.

Mais vers qui se tourner ? L’embourbement en Irak et la signature d’accords douteux avec l’Inde (non-signataire du TNP) en 2006 alimentent une décrédibilisation du « gendarme américain » ; la Chine reste encore bien trop versatile (en particulier sur la question nord-coréenne) pour constituer un véritable moteur de lutte ; enfin, l’impossible convergence des dirigeants de l’Union Européenne sur la question empêche celle-ci de faire office de leader. Une chose est pour le moins certaine : devant la menace nord-coréenne, iranienne voire même aujourd’hui birmane, la communauté internationale ne peut se résoudre à reléguer la lutte contre la non-prolifération au second-plan.

 

*En 1974, Abdul Qadeer Khan, alors employé dans une usine d’enrichissement de l’uranium aux Pays-Bas, dérobe des informations sur des entreprises européennes spécialistes dans la fabrication de centrifugeuses, permettant ainsi au Pakistan de se doter de technologies nucléaires utilisées de manière à concurrencer l’Inde qui vient d’effectuer la même année ses premiers essais nucléaires.

 

 

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